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Brèves
Toc Toc Toc 15 version électronique est en ligne...
dimanche 3 février
L’édition électronique de la revue Toc Toc Toc 15 est en ligne, son thème est le rire. Bonne lecture.
Toc Toc Toc 16 est paru
vendredi 25 janvier
Le numero 16 de la revue Toc Toc Toc vient de sortir. Lire la suite.
Toc Toc Toc 15 : Le Rire ... pas si simple ....
lundi 5 novembre
Nous voila en plein dans le numéro 15 de notre revue toc toc toc. Pour le dossier du rire une classifications par ordre chronologique, s’imposé, mais quand nous sommes tombes sur la phrase de NIETZSCHE « citation...je ferait une classif des philosophes par le rire...... Donc avec cette référence en tete nous nous sommes lancés dans le RIRE.Parmi les auteurs qui ont donné mauvaise réputation au rire, et ceux qui sont centré leurs recherche philosophique autour du RIRE... et a partir de là : presque simple, sinon que les penseurs choisit sont parfois en contradiction avec leurs idées déjà très complexes, et chacun voulant être le premier a avoir découvert le contenu du rire, presque tous sous influence des anciens philosophes comme Aristote, doctrines et concepts, se chevauchent, lui-même influencé par Cicéron...il a trois livres : de l’Oratore, de L’ELOQUENCE et la Rhétorique, il existent aussi des citations, des proverbes, des lettres « apocryphes », (Hypocrates à Démocrite selon les uns , des bouts des traités, des pièces de théâtre , Aristophane génial défenseurs de la libre pensée... Un chaos, innombrable dans lequel nous nous sommes débattus, entre Démocrite, philosophe dont le rire était avant l’heure presque thérapeutique, les traités des médecins assez nombreux, Joubert, etc.. Nous qui nous sommes pas ni philosophes, ni des penseurs, et avec pour tout bagage l’enthousiasme et la curiosité, pour le Thème sacré du RIRE, arborant un discours « plus qu’impure », selon Vuarnet.. bref, des « irresponsables » Notre seul secours a été en premier lieu Descartes ,lui scientifique et savant, faisant table rase de tout, analyse, et nous fait sentir et ressentir avec son mécanicisme le sensible dans le rire : l’admiration. Dans « Les passions de l’âme » Hobbes prendra, empreintant aux anciens et a Descartes (qu’il traduira),admiration, haine, mépris, et « gloire soudaine » empreint a Quintilien, se voulant l’unique détenteur de touts les sentiments contenu dans le RIRE, Baudelaire et son RIRE satanique, le critique sévèrement,et soutien que : ses idées sont les idées de Quintilien et de Cicéron. Et puis il y a Bergson les uns aiment les autres le traitent de « barbant méticuleux ». Enfin Rabelais dans son Gargantua...nous fait rire le divin philistin, visionneur,messager pédagogique. Le fil de Nietzsche nous conduit vers les deux versants de cette expression appelé RIRE , les rhétoriques, convaincus de leurs propre sérieux et influencés par Aristote, « le rire est le propre de l’homme », mais quel est le contenu du RIRE, ? jugement sur les faiblesses humaines, mépris, orgueil, vanité ?. Non Il y a d’autres noms qui forcerons et clarifierons le RIRE ...comme plaisir, désir, bonheur...l’autre vie, la vie légère de Spinoza, a Voltaire, Deleuze, Ionesco, Arrabal, Perec, Queneau, etc.
Toc Toc Toc 15 est paru
jeudi 25 octobre
Toc Toc Toc 15 est paru, son thème est le rire. Le sommaire est en ligne.
Toc Toc Toc 15 en cours...
mercredi 10 octobre
Le numéro 15 de la revue Toc Toc Toc va paraitre, son thème Le Rire, un thème difficile mais au combien passionnant. Sortie prévue le 15 Octobre.
Culture(s)
Ma langue maternelle par Philippe Pujas
vendredi 3 février 2006
(JPG)

Peinture Christian Desailly

Ma langue maternelle

Au commencement fut la musique. Celle de la langue maternelle. Aujourd’hui, au pays où je suis né, peu la parlent encore. Sans importance : elle compte si peu dans le monde, où on pourrait bien, après tout, se contenter d’un langage basique, qui nous permettrait de venger Babel. Ce pays, c’est le Roussillon, tout en bas de la France, la langue, le catalan. Quand je suis né, les grands-mères, les vieilles tantes, on ne les jetait pas. On les gardait à la maison, où elles travaillaient - mais oui - papotaient et gardaient les enfants qui n’allaient pas encore à l’école maternelle. Elles papotaient beaucoup, en catalan. C’est elles qui ont formé mon oreille, avec les bruits de la rue, dans la même langue : le rempailleur de chaises, le ramasseur de peaux de lapins, l’ouvrier agricole rentrant chez lui, l’épicière, etc. Et aussi - mille et mille merci à lui - cet instituteur, poète catalan, Louis Bassède, qui à l’école primaire nous apprenait et nous faisait chanter les chansons traditionnelles catalanes. Comme la plupart des gens de ma génération - né pendant la guerre - j’ai, adulte, vivant ailleurs, perdu l’usage parlé courant de cette langue. Mais je reste frappé de l’impression qu’il s’agit, plus que le français, de ma langue maternelle. Elle est celle que j’ai le plus de plaisir à entendre, je la sens accordée à mon propre rythme. Quand j’ai commencé l’activité coupable qui consiste à écrire - en français - des choses qui tendent àl’écriture poétique - donc musicale - c’est le catalan, plus que le français, qui a dicté mon rythme. C’est lui qui continue de le faire ; du moins c’est ce que je crois. Cela, bien sûr, n’emporte pas un jugement sur la qualité de la langue. Si on me poussait dans mes retranchements - et même avant ces extrémités, à vrai dire - je dirais sans doute que je prise davantage la musique de l’espagnol, celle du portugais ou celle de l’italien. Mais ces belles langues ne m’irriguent pas aussi profondément, aussi consubstantiellement. Il y a plus à dire. Il y a, par exemple, à parler des poètes de mon pays, je veux dire des poètes de langue catalane, les anciens, ceux qui m’ont aidé à vivre, et d’abord Salvador Espriu, mais aussi, plus près de nous, le poète-musicien-chanteur Lluis Llach ou le roc Jordi Pere Cerda. Ils ont dit, dans leur langue, avec leur rythme, des paroles qui me semblent parfaitement accordées à autre chose , et qui pourrait à la première oreille paraître étrange : c’est cette langue qui me parle le mieux du pays catalan, de ses torrents, de ses vents, de sa mer, de son soleil, de sa trompeuse douceur, du plaisir à y passer les jours. Mieux que le français, avec ses airs d’ailleurs, sa façon de faire d’un mot une abstraction en gommant des voyelles, en faisant tomber au fond d’un chapeau de prestidigitateur la fin des mots que nous avons, en bas, tant de plaisir à prononcer jusqu’au bout.

Pourquoi dis-je cela ? Certainement pas pour faire enraciné, pour me draper dans une identité. Mais pour dire à ceux qui l’ignorent que le rapport que l’on entretient avec une langue est d’abord un rapport physique, sensuel. Si on n’a pas ça en tête, on ne comprend rien à l’acharnement que mettent à les défendre ceux qui se battent pour des langues en péril, et qu’on accuse un peu vite de repliement identitaire. Pourrait-on aussi défendre le français comme ça ? A vrai dire, ce sera ça ou rien. On ne défendra pas le français comme abstraction, pour la seule gloire d’avoir encore de l’influence dans le monde par l’intermédiaire d’une langue. On ne voit guère pour défendre le français, je veux dire pour le défendre sérieusement, que ceux qui en ont un usage charnel, c’est-à-dire une pratique assise sur une fréquentation physique de ses plaines et de ses déliés, de ses ciels nuancés, ceux aussi qui sauront amener la langue un peu au-delà de ces faibles reliefs. Comme la littérature nous le montre souvent, pas celle qui court les rues de Saint -Germain des Prés et du bas-Luxembourg, mais celle qui oblige le français à dire des choses plus fortes que sa seconde nature qu’est sa culture policée. Comme nous le font espérer, aussi, les littératures françaises de ses espaces du large que sont le Québec ou l’Afrique. C’est évidemment ce que je souhaite à cette langue qui est celle dans laquelle je m’exprime le moins mal et avec laquelle j’ai pourtant tant de mal, vivant chaque jour avec la sensation que j’habite un costume fait pour un autre que moi. Moi qui sais qu’ il me reste heureusement la ressource d’aller chercher au fond de mon enfance, mais mieux encore dans les rues bien vivantes de Figueres et de Barcelone, les sonorités qui me nourrissent. Ainsi me plais-je à louer l’échec de Babel.

Philippe Pujas

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