Toc Toc Toc 15
Editorial
Tiphaine Stepffer
mercredi 30 janvier 2008

Voilà le numéro 15 de notre revue Toc Toc Toc. Pour "dossier central" nous avons choisit le rire, une classifications par ordre chronologique s’est imposait, or quand nous sommes "atterris" sur la phrase de NIETZSCHE « ...je ferais une classification des philosophes par leurs rires... » A partir de là nos choix furent presque simples. Les penseurs que nous avons choisis sont parfois en contradiction avec leurs propres idées... exigeant d’être le premier à avoir découvert le contenu du rire.

Presque tous sont sous l’influence des anciens philosophes comme Aristote (lui-même influencé par les « Rhétoriciens »), doctrines et concepts se chevauchent... Trois livres existent, de l’Oratore, de L’Eloquence et de la « Rhétorique », des citations, des proverbes, des lettres « apocryphes », (Hypocrates à Démocrite selon les uns ), des bouts des traités, des pièces de théâtre (avec Aristophane, génial défenseur de la libre pensée...) ...

Un chaos innombrable dans lequel nous nous sommes débattus, entre Démocrite, philosophe savant ... dont le rire était avant l’heure presque thérapeutique, nous avons potassé des nombreux traités écrits par de médecins, un nous a particulièrement intéressé, le Docteur Joubert ... Nous qui ne sommes pas, philosophes, ni des penseurs, ayant pour tout bagage l’enthousiasme et l’ envie de connaissance...arborant un discours « plus qu’impur », selon Vuarnet... bref, en « Irresponsables », nous nous sommes jetés sur le thème du RIRE .

Notre seul secours a été en premier lieu Descartes, ce scientifique et savant fait table rase de tout, analyse et nous fait sentir et ressentir avec son « mécanicisme » le fondamental du rire qui est le sensible, l’admiration, et qu’il développera de manière exhaustive dans son traité « Les passions de l’âme ». Hobbes prendra, en empruntant tant aux anciens qu’a Descartes (dont il fera la traduction,des certains concepts comme l’admiration, haine, mépris et « gloire soudaine » emprunt à Quintilien, se voulant l’unique détenteur de tous les sentiments contenus dans le RIRE, Baudelaire dans son analyse du rire ( satanique) le critique sévèrement et soutient que : ses idées sont les idées de Quintilien et de Cicéron. Et puis Bergson, les uns aiment, les autres le traitent de « barbant méticuleux ».

Enfin Rabelais nous fait éclater de rire avec son Gargantua , divin Philistin, visionnaire, messager pédagogique. Le fil de Nietzsche nous conduit vers les deux versants de cette expression appelée RIRE . Les rhétoriciens, convaincus de leur propre sérieux et influencés par Aristote,affirment que « le rire est le propre de l’homme », et nous font croire que le contenu du RIRE est toujours un jugement des faiblesses humaines, jugements aussi, le mépris, l’ orgueil, et la vanité . Heureusement, d’autres auteurs forcent et nous éclaircissent sur le RIRE comme plaisir, désir, bonheur...l’autre vie, la vie légère... de Spinoza à Voltaire, Deleuze, Ionesco, Arrabal, Perec, Queneau, Guy Débord. Un écrivain tout frais sorti de la « rentrée littéraire », nous fait regretter d’ avoir lu son livre trop tard, Eric Reinhardt. initié de la dérive, attitude du flâneur vers des espaces mentaux à géométrie urbaine. Son livre « Cendrillon » tient du Rabelais , source ethnique. De Nietzsche a Deleuze : Le livre tient du labyrinthe : le devenir, le fil tenu par son double Margot - en sublime Ariane, Dédoublement de l’écrivain enfin « irresponsable » renonçant a son écriture d’ écorché (d’homme moral) pour la fête, l’onirique, avec un formidable dispositif qui fait éclater le texte, les voies, l’organisation de l’oeuvre vers des "filantes"raccourcis kaléidoscopiques.

Expression d’artiste : Equipo Cronica Un intense périple sur le détournement des Maîtres, Rafaël Solbes et Manuel Valdes, plasticiens-polémistes, toiles attaquées, remaniées, retournées et pourtant il s’agit d’ART et de PEINTURE, exposition présenté à la Galerie Stadler à Paris en 1973.

Photographie : L’artiste Thierry Geffray nous avait dit : « Les cimetières sont parsemés de visions, de fragments pleins d’allégresse », il nous avez déjà imposés son exposition « Déambulation : Nus au Père La Chaise ». Les cimetières sont ses lieux de prédilection, démarche et promenade réflexive. Il a tenu promesse, il nous donne à voir, des oursons, un jardinet potager, des tètes d’ argile polychrome...des fragments sensibles.

Textes contemporains : Martial Jalabert « Peut-on éclater de rire sans en mettre partout ? ». Il c’est dit « lançons nous dans ce sujet mortel », il fait le pas, presque Martial... Ambiguë, . satirique et goguenard. Le docteur Gilbert Diatkine nous menace de sa réflexion sur le « Droit de rire » la perception intelligente d’un psychiatre. Fernando Arrabal nous raconte l’histoire du procès de Houellebecq qui a eu lieu au Palais de Justice et il nous en fait prendre « Acte ». Barbara Fournier à la poursuite des ses « Appartements jumeaux ». Francesca Nouët : son texte « le rire des enfants » nous donne matière à réfléchir, à retrouver les champs de jeux de l’enfance.

Rubrique « Livres »Trois auteurs, et un regret encore, Hubert Haddad, son livre « Palestine » que nous venons de le finir de lire, roman poétique, odyssée contemporaine d’un prédestiné. Virginia Woolf, « Orlando » peut être « il Furioso », voyages, transformations, identités contestées, drôle, dans une langue sarcastique, cette écrivain unique nous ouvre des possibilités de vies différentes et un monde hallucinant. Williams Burroughs, « Mon éducation », la pêche, ramer... Peu de métiers sont resté pour lui méconnus, éducation d’un génie par lui même, il a expérimenté tous les dons de la nature et toutes les potions chimiques humainement « ingurgitables »... Giselle Pineau, son récit « La vielle malédiction » est a mourir de rire, la couche du mortifère père Sosthène, le récit conte l’histoire de son caleçon bénit, et son sexe devenu ex-voto. Que ça nous serve de leçon.

Artistes contemporains : Geneviève Gili Jandelle, nous avons visité son atelier, à Génégals, là nous avons été touchés et étonnés de ses dernières œuvres, cette peintre concilie le lyrisme et les matières terriennes, de tortueuses formes tracées vont surgir.

Dans La rubrique « Exploration » la suite du Musée de L’Homme par Francesca Nouët, nous fait parcourir la mémoire des premières collections, du Musée de l’HOMME, aventure gigantesque tenue par de vrais pionniers de l’ethnologie et des amateurs d’Art. Poésie : George Hassomeris, « à Fiedrich Hölderlin » , Sur le Sacro/saint Hexamètre dactylique D’Homère » Cet immense éclat de rire au chaos tic tac... Extases, Jean Noël Vuarnet, « Eros et la règle ». C’est ainsi quelquefois qu’un indolent mystique Au milieu des péchés, tranquille fanatique, Du plus parfait amour pense avoir l’heureux don. Et croit posséder Dieu dans les bras du démon.

Exutoire : Trois « humoristes » que nous aimons. A quel point le rire n’est-il pas pure intelligence, trois « philosophes » du rire comme acceptation de vie, la conscience d’être artiste de mots et de soit, pour le dire justement. La Luciole électrique crise et dénonce haut et fort, les aberrations du pouvoir actuel, la perte de services de nos des institutions, la perte de liberté des journaux, la perte annoncée de notre liberté.

Rock par Michel "screaming" Espag : Un king de la soul à un king du rock : "Elvis, traître, comment as-tu pu nous faire cela ?" James Brown en larmes à Graceland, face au cercueil de Presley, le 15 août 1977.

Tiphaine Stepffer - 2007