Editorial
Par Tiphaine Stepffer
vendredi 20 octobre 2006

La revue Toc Toc Toc n’a pas pour vocation de parler de religions, mais le numéro 9 se permet d’y faire un clin d’œil et donne la « parole » à nos « Philosophes des Lumières ». Ceux-ci nous font « comprendre » autant que les réflexions les plus aiguisées. Diderot et Voltaire tous deux avec l’ironie des Philosophes, exaltaient et proclamaient...déjà. « La morale contre les dogmes ». Un dossier dédié à l’Architecture, métier qui se débat dans le grand chaos de la modernité, post modernité, etc. Et si on refusait les traditionnels cloisonnements ? Nous citerons quelques passionnés qui se sont consacrés à des réalisations exemplaires et belles, d’autres qui ont proposé des réformes et pas les moindres, ceux qui ont crée des mouvements et des styles. D’autres plus originaux ont carrément inventé des grandes utopies qui nous suivent encore. L’idée est constante depuis le début de l’Architecture, de perfectionner... le confort de la vie quotidienne et de laisser espérer que chacun a droit à la volupté de ces matières et lignes, et droit aussi, à leurs espaces et environnements entre « l’utile et le beau », Le Corbusier espérait trouver dans le « primitif » des propositions et des réponses saines et modernes en accord avec les besoins de notre société.

Dans la Rubrique Culture : Ce sont des textes et des questionnements sur le métier d’architecte, si essentiel, qui réclame des réflexions et textes juridiques plus clairs, et surtout une « protection » plus ferme. Des études plus techniques et des disciplines plus scientifiques. A défaut d’écrits d’architectes, qui n’ont pas tenu à s’exprimer..., nous avons essayé de trouver des réponses parmi des penseurs, des sociologues, et surtout des écrivains.

Rubrique textes contemporains : Le récit de Germinal Rebull pose le problème des limites de l’exercice consistant à définir ce qu’est l’architecture. Est-ce aussi net que le métier le suppose ? Son périple nous fait découvrir ce qu’en furent les débuts, il veut dire ceux qui n’en finissent pas de recommencer. Martial Jalabert, encore de l’architecture, du palais minoen à des constructions abstraites. Cette élaboration mentale nous fait voir une ferme, une maison, et dans le tout, la vie, faune délicieuse, du lyrisme, et de la massue, ponctuel, suivez- le texte.

Denys Condé, une page, presque blanche ; elle aurait pu l’ être mais cette blancheur là est habitée. Rubrique Réflexions d’artiste « La cité du Raide Chaussé » : Said Bahij, nous donne ses poèmes, comme des coups de couteaux, ça coupe, c’est du sang. Ces Français exclus du Val Fourré ont une capacité à rêver, une forte vocation de travail et aussi une grande capacité d’élans artistiques, ils forceront prochainement l’histoire à prendre en compte leurs destinées.

Dans la Rubrique Livres : Gilles Deleuze : En sachant que tout se plie et se déplie et replie, dont l’architecture, encore, et ainsi dans l’intérieur d’une chapelle baroque apparaît... le maître de ses agencements, entre déductions et structures philosophiques, en pure obsidienne. Joseph Rykwert explore les doctrines architecturales depuis l’homme primitif, entre la hutte imaginaire, jusqu’ à l’avant-garde du Bauhaus, cet auteur, Professeur à l’université d’Essex, nous fait faire une traversée de l’histoire de l’architecture et avec rigueur, nous distille son savoir.

De Jean Potocki , seigneur polonais d’éducation française, nous plonge dans son étrange chef-d’œuvre imbriquée et vermiculée. Ce jeu d’intelligence devient peu à peu un jeu symbolique et initiatique, Le Manuscrit trouvé a Saragosse, fascinant récit, véritable labyrinthe, conte philosophique, roman noir, chef-d’œuvre insondable. L’histoire de la publication en France d’un roman écrit en Français par un Polonais, vient de loin.

Des fragments exhumés par Roger Caillois et enfin la magnifique compilation publiée chez José Corti. Jean Potocki est aussi l’auteur d’un célèbre « Voyage dans l’empire du Maroc ». Germinal Rebull rend hommage à ce fabuleux manifeste de la précision par de modestes emprunts qui se trouvent précisément dans son récit publié dans ce numéro de Toc Toc Toc.

Rubrique extases : J.N. Vuarnet, son roman nous fait découvrir Marie de l’incarnation, sa vie monacale sera le récit passionné, d’une enfant abandonnée. Les affres d’un fils qui va réclamer sa mère tout le long de sa vie de prêtre. Elle ne cédera jamais, toujours lointaine et intouchable.

Rubrique Interview : Jean-Hubert Martin ...... Répond dans un entretien à Julia Hountou aux questions très précises sur l’artiste Gina Pane. Julia Hountou, historienne, et grande exploratrice de la personnalité de Gina Pane, prépare une thèse sur cette fulgurante image de femme, artiste militante et mystique, qui s’est adonnée à une bataille sans relâche, exigeante, en « Mater Dolorosa. » Rubrique Exutoire : Fernando Arrabal, exulte, dans son humour, philosophique, et péripatéticien, panique !!! Son regard d’enfant traverse les miroirs.

Rubrique Photographie : Thierry Geffray, nous promène dans un Paris, mélancolique, les images qui résultent de cette quête, en blanc et noir, sont la vision d’un artiste, qui trace ses repères sur les grands maîtres de la photographie française.

La Rubrique Art Corporel :: Un texte de Julia Hountou, sur Michel Journiac. Il y a très longtemps que nous avions décidé de mieux connaître cet artiste. L’historienne Julia Hountou nous a été présentée par Rodolphe Stadler, galeriste, qui a exposé plusieurs fois Michel Journiac dont charisme et attitude intellectuelle sont loin d’être éclaircies Julia Hountou, souleve, scalpe, et nous révèle son esprit et sa quête intellectuelle. Rubrique Théâtre : Nous avons assisté au Palais de Chaillot à la représentation de la pièce « El coup du cric Andalou » Textes, spectacle, signés Sophie Perez, et Xavier Boussiron. Désopilante, pantagruélique, extravagante, mais attention...... Le texte se faufile, le chant se cabre, les comédiens se déboîtent. Dialogues, musique, et personnages nous immergent dans leur parade, simiesque, grave. La mascarade se retourne et là, la beauté statique et ambiguë nous fait face... à voir.

Artistes contemporains : Ana Maria Rueda, elle fait de sa flamme et de ses connaissances... du feu, elle travaille avec ce mortel médium : toile, papier, bois, métal, tout lui sert à mettre en scène cet élément. Langage codé d’une plasticienne, esprit animiste ou retour aux origines ? Rubrique Poésie : Omar Khayam et Nazim Hikmet, L’un très lointain, mathématicien, astronome, son regard envers les nourritures terrestres sont des Odes à la Vie. L’autre Nazim Hikmet très proche, malgré le détroit des Dardanelles, ses poèmes sont entre « Liberté, et désespoir », et entre « illusion et combat ».

Rubrique écriture Internaute : notre Luciole, selon le caractère de son auteur et les événements qui se sont succédés en France ces derniers mois... nous aurons des sons de cloche à la tout va... écriture « décapante » et lucide.

Rubrique ROCK : les culs bénis du R’N’R, du savoir, du chien, et de la forte écriture. Michel « screaming » Espag a encore frappé.

Tiphaine Stepffer