Textes Contemporains
L’oeuvre habitée
Par Denys Condé
jeudi 19 octobre 2006
Denys Condé : L’oeuvre habitée

L’œuvre HABITE

On peut qualifier une oeuvre d’art de nombreux adjectifs. Il arrive ainsi que l’on dise de l’une d’elles qu’elle est habitée. Il s’agit alors, le plus souvent, d’une oeuvre non figurative, abstraite, devant laquelle on se pose plus de questions que Diderot ne s’en posait devant un Chardin ou un Greuze. Oeuvre habitée, habitée, bien sur, par l’artiste. Essayons donc. Toc, toc, toc...Pas de réponse. L’artiste est sans doute là mais il en a assez des questions, il s’est suffisamment expliqué en peignant ou en et il ne peut pas dire les choses autrement. Le regardeur en est pour ses frais mais c’est à lui de travailler un peu, d’activer son regard, d’ ouvrir l’œil Est il sur que l’artiste est dans son oeuvre ? Ce qui est certain c’est que l’artiste sait que son oeuvre le juge. Au reste il n’est pas facile de juger, ni de faire sortir l’artiste du bois. Et si l’artiste sort, s’il commente trop, on aura tendance à penser qu’il s’estime plus que son oeuvre et qu’il la vide en trop parlant, car, comme le dirait à peu près Peter Handke, le danger existe que la parole capte le tableau au lieu de le laisser libre. Préférons donc plutôt l’effet que l’œuvre produit sur nous ; apprécions son énergie, son étrangeté, la vivacité dont elle nous anime, sa résonance. Si cette oeuvre nous pénètre et nous habite, c’est que son auteur l’avait, en l’habitant, sûrement imprégnée de lui-même. Denys Condé

N.B. Vous pouvez faire un essai en regardant, par exemple, un chien de Jeff Koons. Mais faites attention, c’est en faïence (normal pour un chien),ça casse et ça vaut très cher. Consulter www.artprice.com