D’après la nouvelle d’Herman Melville

Avec Raphaël Almosni, Yann Collette, André Chaumeau, Claude Lévèque, Grégory Quidel

D‘abord le texte de Melville, nous découvrons un être, imperceptible, insaisissable, et subversif. Son attitude tient du doute ou du refus ? Faire le scribe, accomplir, sont des tâches au delà des ses capacités à supporter. Très actuel dans cette position philosophique. De cette insurrection naît la complexité de cette pièce de théâtre, gérée par David Géry, qui mêle et entremêle, les textures et postures de chaque personnage. Des personnages décontenancés par Bartleby, ils se montrent vivants, disparates...ils révèlent leur esprit étriqué mais au bout de tout,l’ humain. Les comédiens sont, au-delà du rire, d’une rare justesse leurs jeu scénique devient une réalité autre,une sub-réalité de l’absurde.... Être scribe aurait dut le satisfaire, mais quelques légers contretemps vont rendre notre Bartleby complètement à la merci d’une seule et unique phrase qu’il utilisera tout le long de la pièce, «  Je préférerais ne pas  » position irrémédiable qui fera basculer toutes les situations dans le milieu de l’entreprise, son chef plein des bonnes intentions va finir de mettre en doute toute l’organisation morale de sa vie... La mise en scène de David Géry est remplie de trouvailles plastiques et sonores, il nous démontre le pouvoir de l’écrit. Le décor de Jean Haas géométrise la scénographie, par une « poétique concrète » dans ses plans, lignes et fuites... Les décors sont en permanente métamorphose, rythme exigé par David Géry, les murs blancs, deviennent palimpseste, écritures, rotatives.... Réussite d’une organisation plastique très forte, un langage visuel a structure spatiale. L’imagination prime, et s’envole, tous les moyens interactifs sont utilisés pour imposer le style théâtral de ce metteur en scène et son exigence envers le texte.

peinture /texte tiphaine