MARCEL GILI AU GENEGALS des Oeuvres Inédites exposées dans son Musée
jeudi 8 août 2019
par Administrateur- tiphaine

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AU REVE ET A L’IMAGINATION

La fascination qu’exerce sur moi l’oeuvre de Marcel Gili vient d’abord du dialogue qu’elle établit

en direct avec le cosmos, c’est-à-dire avec l’univers dans sa matérialité . Les sculpteurs sont les

ouvriers du concret, ils renforcent notre assise dans le monde. Ce n’est

qu’après coup, après avoir été regardée, c’est dans le souvenir qu’en garde notre regard, que

cette oeuvre prend sa part dans le rêve ou dans l’imaginaire.

Mais c’est au rêve et à l’imagination que Gili donne la primeur dans sa peinture, atteignant ainsi

une complémentarité et une plénitude que le cadre du mas de Génégals où il a vécu ses

dernières années immortalise aujourd’hui.

J’ai, parfois, regardé Marcel Gili dans son atelier entreprendre un corps-à-corps interminable

avec la matière pour la soumettre à sa volonté et à son désir . L’admirable - vivante, massive,

sensuelle - statue de la "femme enceinte" représente pour moi la

synthèse de tous les éléments qui concourent à définir l’art

profondémént humaniste de Marcel Gili.

Mais les dernières formes, ces rondeurs qui perdent leur caractère d’abstraction dès que l’on en

porte avec douceur la main sur elles, rejoignent la pointe extrême de la modernité à laquelle

aboutit l’oeuvre de Marcel Gili après un lointain départ dans un vivant classicisme.

Le caractère minéral des Corbières catalanes - dont le mas de Génégals est un des haut-lieux -

a déterminé Gili à peindre ses "germinations", ses "racines" et ses "météorites"

des dernières années.

Car c’est à Génégals, en paisible communion avec le paysage qui l’entourait, que Marcel Gili

venait se recueillir et parachever, aux côtés de son épouse Geneviève,

à la fois son oeuvre et sa vie

. C’est dans la multitude des nuages agités par la tramontane et par des vents contraires qu’il a

trouvé la forme des "moutons" qui peuplent certains de ses tableaux auxquels il arrive d’être

traversés par le souvenir du visage citadin, génial et boursouflé, de l’acteur Michel Simon.

Seul un homme libre pouvait élaborer, loin des vanités faciles, une oeuvre d’une telle dignité et

d’une telle indépendance. Une oeuvre intemporelle, à l’image des landes, des rochers et des

garrigues qui enserrent le mas de Génégals et parmi lesquels Marcel Gili est devenu une sorte

de vigile, de gardien, de guetteur des espaces de la plaine catalane qui s’étendait à ses pieds.

Claude DELMAS