LE SQUARE De MARGUERITTE DURAS par DIDIER BEZACE
mardi 26 août 2014
par Administrateur- tiphaine

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Par un après-midi ensoleillé dans un square une jeune femme, seule, surveille des enfants d’une autre. La jeune femme....Paisiblement attend..., et rêve . Un homme arrive, avec déférence , il adresse la parole à l’inconnue, courbé, fatigué, dépose une valise à ses pieds, il est voyageur de commerce, il cherche le calme....une chaise pour se reposer, oublier les efforts de la journée, Didier Besace, incarne le personnage, avec tendresse et la subtilité d’un homme « découragé » qui cherche le sens de choses, meurtri par son échec qu’il traîne, comme sa valise et ses pieds.

Tous les deux, entre gravité et drôlerie vont débattre sur le sens de leurs vies, sur la lourdeur de leurs métiers, elle est « bonne à tout faire », avec un naturel époustouflant elle l’entraînera par ses questions singulières à une remise en question... Il doute, il résiste, avec une précision chirurgicale la jeune femme continuera son exploration autour de cet homme inconnu...Elle lui raconte ses rêves, le bal le dimanche, elle adore ça... La mise en scène de Didier Bezace, est organisée sur un rythme de comédie, forçant les personnages à dévoiler les sentiments les plus opposés par une gestuelle minutieuse, ils évoqueront leurs espoirs, la solitude... leurs différences vont s’entrechoquer, se blessant parfois avec cruauté, ... Le tandem, par la voie de la vérité et de la force intime qui les anime, se lancent vers une quête mutuelle, humaine consolation, ils arriverons peut-être à une improbable « rencontre »

Comme de nageurs de fond ses deux êtres, avouant leur incapacité de « vivre » et forçant leurs natures vont ensemble explorer l’inventaire de leurs rêves où ceux qui reste... Finissant leurs échanges intrépides par un nostalgique tango, chorographie qui les emmène dans sa musique a une approche corps à corps, « pugilat » paradoxal masculin fémin... belle image de personnages qui disparaissent au fond d’un sombre petit jardin... L’excellence des deux comédiens nous plonge dans l’univers inattendu, de ce qu’on appelle « de petits gens », leurs petites vies nous surprennent en nous révélant de sensations d’une infinie richesse... Didier Bezace soulève, du texte de Margueritte Duras, le broyage systématique dont la société de consommation, engonce les êtres, « faibles », et terrasse les rêves de dignité, en leurs anéantissant le droit, tout simplement au bonheur...

Ainsi le décor de Jean Haas est construit, minimaliste, par de bribes de lignes de fuites suggestives, le plan de scène, insolite, un amoncellement de chaises du square, servira tantôt pour appuyer le jeu des comédiens, tantôt comme parabole du laissés pour compte parqués dans en univers de dérision Le décor de Jean Haas, construit autour d’un ponton...Comme si la vie était de l’autre coté.....Sa scénographie dépouillée, fait une « gangue » d’accueil sensible,intelligent, au désarroi, au désespoir, un pont entre le réel et les rêves...

Tiphaine à Robion