EXPOSITION MARCEL GILI AU MAS GENEGALS
mardi 7 février 2012
par Administrateur- tiphaine

"OSMOGRAPHIES" MARCEL GILI

PHOTOGRAPHIES Pascal Maisonnat

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A la Ville de Thuir qui l’a vu naître, a ses montagnes, a ses vignes et a ses vignerons, aux poètes catalans, à Geneviève

MARCEL GILI

Beau, grand, massif. Sa parole fluide ôtait toute trace de pesanteur à sa nature minérale. Habillé par d’amples vestes sombres, qu’il contrastait en hiver avec de chemises au cols roulés aux couleurs tendres pastels, précieux et patient, son énergie le précédait...

Son visage, aux pommettes saillantes, contenait des forces expressives bien dessinées, ses yeux clairs fixes retenaient l’hilarité constante de sa bouche...Et ses mots choisis, précis, avaient déjà la gravité et le mystère d’un discours philosophique...

Cette nature rocailleuse, en ébullition permanente, était gérée, organisée par un intellect incisif, doté d’une grande ouverture d’esprit et d’une exigence scientifique passionnée ...

Nous citant Gombrich, Scheffer, Dora Vailler, Panofsky, George Lukács, Renée Hughes...Nous obligeant à écouter chants grégoriens, chansons basques, Pierre Scheffer, nous récitant du Hölderlin...

Son élément essentiel était la matière, c’était la force vive de son inépuisable exploration, source de ses élans pédagogiques, de ses connaissances et la production de son œuvre...

Maitre Gili procédait comme un savant, rodait, creusait, les composants de chaque chose, décantant les nombreuses substances de ses qualités souterraines...Nous poussant, nous forçant a une investigation minutieuse de ce monde particulier : L’univers du sensible.

Nous, ses élèves a l’Ecole supérieure des Beaux Arts de Paris, arrogants ignares faisions partie de son atelier de dessin....

Marcel Gili était sculpteur. C’est lui le maître qui m’a dépossédée de toutes mes convictions, artifices de petite fille douée et superficielle. C’était sa méthode, le rappel au grand art, l’histoire, mais il utilisait aussi charme et discours. Son enseignement était construit sur une passation de savoir chamanique. Sa théorie était le dépassement, la perception, l’observation, la concentration, et d’autres techniques complexes. Il nous dévoilait ses secrets, sa science,de chaque outil, chaque matériau, - Les armes qu’on devait utiliser pour appréhende sa nature biologique, organique... Son atelier devenait un laboratoire...

Il nous imposait les avalanches de nouvelles connaissances, tantôt souriant, parfois en pédagogue brutal, toujours patient. Le plus humble de crayon devais contenir une quarantaine de valeurs, « porteur d’ombre et de lumière, nuances, non, intensité, densité », technique et perception pour convertir même l’invisible en chose réel...

L’Ecole des Beaux Arts lui allait comme un gant. Cette superbe architecture contenait, des analogies avec les montagnes de son pays catalan, élégantes et abruptes, ce lieu devenait l’ « arène » de son espace mental ou il se proposait comme meneur, visionneur, avec un « programme » théorique et pratique d’une grande rigueur. Son projet amalgamait toutes les disciplines et sciences, devenir artiste était une immense tache, un métier complexe, soutenu par une vocation faite de choix de discipline et de ferveur....

Nul mieux que lui Maitre Gili n’aurait pu restructurer L’école des Beaux Arts de Paris, l’orientée vers les nouvelles voies, technologiques et philosophiques, la dite « ECOLE » était soumise a un enseignement, dont on prévoyait clairement son déclin... Nul plus que lui possédait la qualité d’une si haute exigence de réflexion didactique ; dont la production des pensées et des œuvres aurait pu placer L’ECOLE sur le devant de la scène Avant-gardiste. Passion et engagement caractérisaient son combat le poussant toujours plus loin, vers une course plastique, artistique d’envergure.

Chaque œuvre nous disait-il, est le résultat d’un processus mental, biomorphique, elle doit posséder les forces de la matière, et les nerfs de l’invisible...Sa transcendance. Et il marchait vers son combat par la voie de la terre, (glaise) la réveillait à coup de poing ,la malaxait jusqu’à imprégner cette matière sourde, la contraignant à secouer sa mémoire, martelant pour soutirer ses formes, son rythme, pliant chaque élément à abdiquer de sa capacité unique pour le tout essentiel. Comme Buonarroti, Carpeaux, Moore, Giacometti, Germaine Ritchie, il sculptait ainsi, arrachant ses formes à la matière, préservant ses tensions, structurant ses espaces, pour doter enfin cette matière de son énergie cosmique.

Chaque dessin était construit par des traits réfléchis, organisant masse, et volume sur l’espace de la feuille, créant la présence, la vie, et la singularité du modèle, corps, têtes, météorites, vagues marines, manade des moutons, mêlées d’une équipe de rugby, le tout nageant dans l’immense orchestre de l’analogie universelle, comme Rembrandt, da Vinci, Poussin. Il travaillait ses fusains, ses crayons, les sanguines, comme un « ciseleur biologiste ».

Sa peinture a affaire avec l’infini, des corps spatiaux, sont les modules, une parcelle, un fragment de l’éternel, corps- parcours, plages de silence, couleur et lumière se succèdent dans un univers de chair et de « poudre d’étoile », œuvre intemporelle...

Tiphaine-Stepffer

A Robion le 16 novembre 2010