(suite)LA GÉOLOGIE DE LA MORALE
mercredi 12 octobre 2011
par Administrateur- tiphaine

LA GÉOLOGIE DE LA MORALE

Nous ne savons plus très bien où nous en sommes. Il y a tant de choses en jeu dans ces reparties. Il y a tant de distinctions qui ne cessent de proliférer. Il y a tant de règlements de comptes, car l’épistémologie n’est pas innocente. Geoffroy subtil et très doux, Cuvier sérieux et violent se battent autour de Napoléon. Cuvier, dur spécialiste, et Geoffroy, toujours prêt à changer de spécialité. Cuvier hait Geoffroy, il ne supporte pas les formules légères de Geoffroy, l’humour de Geoffroy (oui les Poules ont des dents, le Homard a la peau sur les os, etc.). Cuvier est un homme de Pouvoir et de Terrain, il le fera sentir à Geoffroy qui, lui, préfigure déjà l’homme nomade des vitesses. Cuvier réfléchit en espace euclidien, tandis que Geoffroy pense topologiquement. Invoquons aujourd’hui le plissement du cortex avec tous ses paradoxes. Les strates sont topologiques, et Geoffroy est un grand artiste du pliage, un formidable artiste ; il a déjà par là le pressentiment d’un certain rhizome animal, aux communications aberrantes, les Monstres, tandis que Cuvier réagit en termes de photos discontinues et de calques fossiles. Mais nous ne savons plus très bien où nous en sommes, parce que les distinctions se sont multipliées dans tous les sens. Nous n’avons même pas tenu compte encore de Darwin, de l’évolutionnisme et du néo-évolutionnisme. C’est pourtant là que se produit un phénomène décisif : notre théâtre de marionnettes devient de plus en plus nébuleux, c’est-à-dire collectif et différentiel. Les deux facteurs que nous invoquions avec leurs relations incertaines, pour expliquer la diversité sur une strate - les degrés de développement ou de perfection, et les types de formes - subissent une profonde transformation. Suivant une double tendance, les types de formes doivent se comprendre de plus en plus à partir de populations, meutes et colonies, collectivités ou multiplicités ; et les degrés de développement doivent se comprendre en termes de vitesses, de taux, de coefficients et de ::apports différentiels. double approfondissement. C’est l’acquis fondamental du darwinisme, Impliquant un nouveau couplage individus-milieux sur la strate (8).

8/ C’est dans cette longue histoire qu’on pouvait faire une place à part, Bien que non déterminante, à Edmond Perrier.Il avait repris le problème De l’unité de composition, renouvelant Geoffroy à l’aide de Darwin et surtout de Lamarck. En effet,toute l’œuvre de Perrier est orientée sur deux thèmes :Les colonies ou multiplicités animales d’une part, d’autre part les vitesses qui doivent rendre compte des degrés et des pliages hétérodoxes(tachygenèse). Par exemple : comment le cerveau des vertébrés peut venir a la place de la bouche des Annelés, « lutte de la bouche et du cerveau » Cf, Les colonies animales et la formation des organismes » « L’origine des embranchements du règne animal » (in Scientia mai-juin 1918) .Perrier écrivit une histoire de la Philosophie zoologique avant Darwin, avec d’excellents chapitres sur Geoffroy et Cuvier.