LE MARDI :: Baruch et Nietzsche/acide-philosophie
samedi 10 septembre 2011
par Administrateur- tiphaine

RICHARD PINHAS « Les Larmes de Nietzsche Deleuze et la musique » Extrait

Le mardi : Baruch et Nietzsche/acide-philosophie

...Loge ; « Ils courent à leur perte, ceux qui se croient sûrs de leur force. J’ai un peu honte d’être des leurs ; j’ai grande envie de reprendre la forme des flammes dansantes. Consumer ceux qui me domptèrent, au lieu de disparaître bêtement avec ces aveugles, fussent-ils les plus grands des Dieux ! Ce plan ne me semble pas trop sot ! J’y songerai ; qui connaît mes desseins ! » Wagner.

Armand et André discutaient de la Littérature. Il faut un style, un monde, et il faut un souffle : pas facile de Nostronomiser le Monde, pas facile de cloportiser les êtres et les choses. Ils se racontaient aussi la philosophie et son histoire, l’empirisme, les essences de mode, les impressions de sensation, l’actif et le réactif, les théories de la Nature et celles du Ciel, l’univers des Incorporels. Les gouffres et les ours, les oiseaux et les sources, le moi et son infection, la folie et l’euphorie de Turin.

Qn n’arrivait plus à les suivre. Trop d’intelligence, trop de culture. Certes la philosophie... Je demeurais focalisé par les guitares de Hendrix, les mannequins idiotes et fatales, et, comme tout le monde, par la troisième Ennéade, la lettre à Hérodote, et les posthumes de Nietzsche... J’allais y marner une considérable épaisseur de durée, comme on dit chez les Savoyards lettrés. .

Entre deux concerts de Crimson et deux sarabandes hétéros (pas bien vu par les potes du FHAR), c’était fendant de loucher sur la Diels-Kranz, et d’habiter les aphorismes du Cercle Vicieux. En ce temps-là, comme au Jurassique d’ailleurs, on était lent, très lent. Reptiliens et tortus.

Pas d’e-mail, pas de réseau, pas de DNA, seulement du foutre, de la dope, chanmé la dope, pas juifdenegr’le speedball, des sons et de la çastagne. La vie des hommes : simple et préhistorique. Je finis comme tout le monde par boucler une thèse d’inintérêt = 0 sur l’inconscient, c’est maman qui était contente. C’était bien le minimum. Saut dans la neuromachine et métamorphose du cloporte en tripode appareillé. Les compresseurs triodes/pentodes n’étaient pas encore opto-numériques. Rapidement surviennent les ennuis.

Un X, pas celui de la philo, l’objet = x, non l’eksta _ pris dans les rets tek-arachnoïdesques de la première petite fille qui passait par là, place de la Bastille, un jour d’été avant de Comeladiser. Je ratais ’çinq aµtobus à analyser son fond de l’œil et le merveilleux sourire’ enfantin qui i’accompagnait. Influence de l’actualité communicationnaire : il gobe son Pikachou gellulaire et C attend le voyage extatique vertical et distordu des visions montrealo-psychokouakiennes « terminales » •••

Le problème c’est lorsque tout devient glissant la sensation de déraper sur un plan où aucune aspérité ne retient. L’impression que plus rien ne fixe. La tentative est ridicule d’enrayer le mouvement avec ses doigts, avec ses ongles, comme si le plan d’accrochage horizontal, doucement, imperceptiblement, passait à une supposée verticalité abstraite. Là on ne peut plus s’accrocher, il faut lâcher, descendre, tomber, peut-être tomber vers le haut. C’ est la réalité tout entière qui glisse : Vole son unité et éclatent ses fondements, la réalité et ses multiples niveaux d’incertitude. Originairement la chute fait partie du plan de vie. au moins la descente, aller vers le fond : Décliner puisqu’il nous faut éternellement décliner. C’est la fascination du fond : la face-perceptible ou couche sensible du chaos. Toujours l’autre côté du miroir.

Nietzsche un soir où la limpidité du ciel fait dire « peinture bigarrée de tout ce qui a été cru ». La métis. On s’est éveillé puis levé. Pas beaucoup de peine à sortir des draps rugueux, ces réceptacles à une vie de saloperies ordinaires ; de la sueur ès conscience coupable, comme si chaque cauchemar, c’est-à-dire. chaque nuit . elle-même, était à soi une apologie du ressentiment et du nihilisme réactif.

Bref, on se lève. On enfile péniblement son costume brouillé, sans forme ni pli, sans couleur non plus. Un deux-pièces passe-partout à peine nommable, peut-être froissé, certainement incolore, l’odeur rémanente de la dernière cigarette. Rongeasse.

La grande confusion des paysages d’angoisse et des réservoirs illimités de la liqueur spermatique persiste. Putain de costume brouillé ! Et Dick qui n’est plus là ... Et flotte l’immonde odeur de tabacfroid. Pas de devant, pas de derrière ; la supposée braguette du supposé suppôt se bloque, je ne trouve pas le slip avant d’enfiler ’" tas informe qui sert de pantalon ... Comme tout ça vain et pénible. Le pantalon est l’intégral reflet de la finitude humaine.

C’est la teuf d’hier qui ne passe pas, putain de bordel de poudre de merde, mal au foie ... L’acier rémane dans la bouche, et bloquez encore l’inférieur maxillaire. Puis le Manque, le froid de l’intérieur, le singe du carmé mais Burroughs a déjà tout dit. Le manque de came, le manque d’amour, le manque de Gilles, le trop-plein de vie ... Rongeasse, rongeasse, rongeasse. O grande rongitude !

Sur la table le quetpa est vide, presque un Désert parmi les déserts, la seringue est vide, désertée substance mort. Le vide lui-même pourrait sembler vide si telle n’était pas sa profonde définition et le vide devient tautologique voire oxymorique. Wittgenstein, le vide. La" douce "et belle substance mort. Dans la bouche, le métal. Rongeasse, rongeasse. Le narrateur est musicien....(extrait)

à suivre