ROBERTO ZUCCO de KOLTES a la Cartoucherie
mardi 18 juin 2013
par Administrateur- tiphaine

Roberto Zucco

Bernard-Marie Koltès, un nouveau regard sur la dernière œuvre du dramaturge disparu trop tôt du sida... Cette pièce tragique, pleine de violence, écrite dans un lyrisme très contemporain, crée un personnage qui détient et agrandit les paradoxes qu’il incarne, l’obstiné révolté, le héros médiatique contre le système révélateur du malaise familial. Il ne s’agit pas a proprement dire d’un serial killer, par ces actes et gestes il réalise l’aspiration de son double jeu : anéantir, famille, pouvoir et son système. Ses crimes sont « adressés » à cinq personnages symboliques de cette société, le père, la mère, le commissaire, l’enfant et la jeune fille. Ses crimes sont d’une logique transparente. Il faut ne pas oublier que cette pièce fut écrite par le dramaturge, pendant sa longue agonie ,se redressant contre la résignation de la mort, la joie sauvage qui plane sur l’œuvre naîtrait peut être de cette lutte. Pauline Bureau renforce toutes ces données mettant solidement l’accent sur le comique, toujours lié a la tragédie classique, de Sophocle à Molière. La metteur en scène tire des ses situations des violences toute une gamme de registres émotionnels, chaque personnage est dessiné avec une force primitive mais aussi avec une distance, un décalage. Ce double jeu arborée par tous les comédiens, une vraie performance de cette jeune troupe, donnent à la pièce une charge de désespoir mélangée a une certaine légèreté.. Pauline Bureau s’en sert de façon magistrale et un voulu de jouissive maladresse. Par le biais du comique elle a élaborée ses meilleures scènes, la danse de Zucco, nu comme un faune, danse, ironique et beau, devant le cabaret et ses prostitues, le défis burlesque jeté au maquereau ; La bourgeoise, dame terrible empêtré dans sa superficialité ; Le frère de la gamine, objet adorée, qu’il va offrir au premier passant ; Le père de la gamine, sombre ivrogne, s’acharnant a la recherche de sa bière ; pendant que ces filles rêvent de fuir, de chute et de mort La mère qui obstinément cherche sa délivrance de façon presque impudique ; et d’autres... La Scénographie réalisée par Emmanuel Roy, dresse ses volumes, érige ses plans, lignes de forces, fait fuir ses perspectives, étalant sols, murs, prison, cage, chambre, cabaret, et métro.. la dynamique et les atmosphères de décors, mis en valeur par les jeux de lumières,de Jean-Luc Chanonat, très justes créent un labyrinthe, entre la vie en haut et l’autre, la souterraine, ces deux mondes finiront par s’enchevêtrer a tous les événements, Zucco dans ses déambulations, structure ses rencontres avec ses futures victimes, et se place comme un héros, dominant de sa folie, chaque strate, chaque niveau. Ce double "trafique" véhicule les émotions les plus complexes :Le Rêve, et le Réel,se balançant sur la tête de chaque personnage, comme un couperet.