POESIE SONORE//{{JEROME GAMES// PHILIPPE GUENIN// JEHAN VAN LANGHENHOVEN}}
lundi 19 juillet 2010
par Administrateur- tiphaine

Ces trois poètes ont laissé, à l’Espace Tiphaine, des traces de leurs talents, et au rythme de l’orage, le présage à venir.... et des enregistrements « sonores ».

Jérôme Games : Pas PLu

et et je lui ai dit et comme ça à à et à et et Ça ça l’a Ça l’a choquée mais quoi ? c’était c’était vrai : t’es bonne du t’es t’es t’es bonne du t’es t’es très très très bonne toi du du t’es recton-colonne toi du don t’as colon-rectum t’est bonne du c’était c’était vrai

mais qu’est-ce que qu’est-ce que j’avais pas pas dit pas là ! ça c’est ça s’est termifermé pour moi qu’c’était donc ça qu’c’était du qu’c’était ça s’est ça s’est décidé sans moi c’coup là ça c’est clair qu’ça s’est r’serré sur moi qu’ça s’est mis à qu’ça, qu ’ça s’est mis à qu’c’était qu’c’était à chier bloqué plus avancer pour moi qu’c’était à couper tout autour de qu’c’était ç’t’à dire bétabloqué plus avancer qui dirait qu’vérouro- lé là-bas ! ni r’culer ni stationner ni qu’c’est complet complète- ¬ment bouché ç’côté-Ià ! déthuméfié qu’ça s’est ça s’est moche d’sortir comme ça qu’c’était pas la peine d’s’facher pour ça qu’c’était qu’ça c’était trop moche elle était

Et et, et j’lui ai dit et dit comme ça et j’a et c’est, et et ça ça l’a j’a ca, et ça ça l’a, mais mais mais quoi mais non mais

PHILIPPE GUENIN : Aleph-Zed

Juan Juan arrête-toi’l mystic épris d’la croix qui gesticule et mouille dans ta lumière noire regarde nos deux tronches qui apparaissent derrière la glace c’est Zed-Aleph c’est Zed-Aleph noués en un seul maintenant arrêteras-tu jamais ça d’pisser du verbe pour couvrir le ruisselet d’la bouche d’égout où s’enfoncent tous nos corps décomposés qui deviennent des cellules de fange baisse encor la gueule rapproche-toi de nous si t’oses voir qu’y a jamais eu en fin de compte d’autre chose ici-bas qu’ de la merde et du gras de cadavre alors que toi tu voulais prendre en loque illuminée ta demeure statique pour te gironner dans la peau d’un dieu de chair blanche souillée de nos excréments d’bougnoules mais on est là là nous deux Zed-Aleph noués en un seul à s’faire encore sauter les plombs du bide et ressusciter cent fois déjà soit en pères macs ou en gosses esclaves qui passent le temps à marchander des bouts de viandes avec des cheveux blonds de préférence et finissent dans la mélasse de chair crue quand tu croyais entendre geindre ton fils mort au fond du ciel ce n’était ici-bas qu’une couille d’ange restée encore collée dans not’gorge qui fit hurler de joie Zed-Aleph regarde-nous bien toi’l mystico rien y f ra changer la face du soleil qu’de foutre bras en croix du morveux de dieu pour nous racheter comment cette petite main de marionnette veineuse put-elle arrêter l’épanchement de l’horizon du noir puant même si tu voulais encor te morfondre et chercher refuge dan’ce foyer d’apocalypse

JEHAN VAN LANGHENHOVEN

L’année du cochon (rêve liminaire) En vous inspirant des C’havann et autres ting ting ting ting ting ting ting ting tating ting ting de Jarry - que par ces temps de mièvrerie, vous ne manquerez pas de considérer comme une des rares portes de secours offerte à la langue -, et en vous conciliant au maximum les faveurs de la civilisation montante, sans pour autant renoncer aux choses douces de la vie, vous rédigerez ici, le plus brièvement possible, un hommage appuyé aux pourceaux iconoclastes du cabaret dada,. ceux pour qui toute tentative de séduction équivaut par avance à un long suicide.

Aussi, las de l’écriture et des femmes, il grogne : Al Alla Allawa Allawa ad’Tru !! et soudain, sur place s’affaisse : un œil pour l’exil, l’autre pour la souveraineté. Passe l’été, et les grands vents de l’amitié qui, alarmés, lui soufflent : Reviens, reviens le porc te va mal, le rose n’est pas fait pour toi... Arrive l’automne, et le dernier quartier des fidèles, ébahis de ce toujours même positionnement qu’insensibles à leurs prières, sur l’horizon, continuent à leur offrir le sphincter et la hure (capables à loisir d’échanger leurs fonctions). S’amorce l’hiver et Al Alla Allawa. Allawa ad’Truf J, avec les premiers frimas, rien, non rien n’a changé : ses yeux demeurent fentes infimes, boutonnières de samouraïs, matrices de mélancolie. Alors seulement se réunit le Conseil.. Celui des cent dix mille fiancées en folie. Et les plus ingénues de crier : Qu’on le dé-tirebouchonne J (et cela le fait rire, oui, rire dessous le masque). Et les plus enragées : Qu’on lui coupe la langue ! (et signe même de la castration majeure, cela le fait trembler, oui trembler dessus le masque). Mais il en est une, une qu’il connaît depuis la nuit des temps, une qui par expérience sait la duplicité évidente de sa très singulière thébaïde, et qui, totalement étrangère au déroulement des débats, sans plus attendre, part à sa rencontre avec en main un couteau, un grand couteau !

Décembre est là : et l’outre bée. A l’intérieur...

Ni sang, ni os, ni entrailles fumantes : que la table d’un cabaret, et son buveur lointain. Adossée à la bougie qui, tremblotante, parcellise son visage radieux, pas plus haute qu’une pipe, hanchée comme elle et proportionnée à souhait, nue, une très jeune fille, sourire aux lèvres, se tient alanguie.

Mais la morale, la morale de cette histoire (car il s’agit bien d’une histoire, n’est-ce pas ?), me direz-vous. Et la femme au couteau, au grand couteau, qu’ a-t-elle alors dit, et surtout fait... Al Alla Allawa ad’Tru !! vous répondrai-je simplement mais silence, silence, voici les cloches de Noël qui commencent à carillonner.