POESIE SONORE
mardi 13 juillet 2010
par Administrateur- tiphaine

Christophe Manon : Fiat Lux - Commandos [Chant 0.2]

[0.2-00] commandos se soignent les désoles, la tressaille des convois, la sépale soudain aux casernes ; commandos se lèchent les macères, les paniques à zéro, les calcinés de l’avorte, du dégorge en vrille, se lèchent les plutôt mélasses de l’assomme, les gémisses d’être, les convulses en sueur et seringues ; traquent, traquent aux bébés les fémurs, les délabres de bave, traquent commandos les opaques en pièces et vont par les tranchées s’écarquiller les trompes

[0.2-01] commandos et puis prient Papa Le Père, Le Tout Pissant des Substances, L’Egorge Soudain ; commandos à outrance se mornent les barbelés dans la palpite des combats, les déchires enfin moulues, les lacères en vrac ; gouffrent commandos, les vaincus-vaincus, les veules de l’aorte ; gouffrent aux macules les miliciens et tout caillots de la trique s’embrasent en désolation et charogne, se nocturnent les douleurs d’un gémit du regard :

[0.2-02] « borgne, borgne-moi maman, mon poulain, ma poule mammaire, ma parole mise au groin, la grinche, l’amorphe du croupis ; ma vache où pousse le poumon mou, le mouton poux, l’époux, où pousse le père périssent les précipices, périssent les suppliques de part en part, les suicides en dégoût tôt ou tard, les intrépides sitôt gibet des glandes, périssent les semences à outrance, les bandages d’infirmes ou d’infirmes

[0.2-03] baise, baise ta bave sur la mère, la morte, la mamort, tes moignons, tes pulsions d’arrache l’écarquille soudain muqueuse, tes tritures légèrement tibias, baise et secoue tes suaires d’un trauma, d’une rafale de phalanges, tes respires, les vivres arrières du répugne ; et cogne, cogne les hallucines, les substances vautours à zéro, cogne les cogneurs-cogneurs, la gangrène, la gargouille, cogne la réprime d’instinct la l., la l., la langue [0.2-04] ta langue, la strangule de glaise, l’anguille à glue, à glaire, à gangue, la glo, la gloglo, la glotte ; ta langue toute tordue, ta trouée, ta tourbe, ta trouble, celle d’enfonce les vagis, les vibres d’intérieur et furtif, l’émue de l’âme amère, la mère, la marmonne du cafouille partout prématurée d’odeur et de nauséabond, la bouchère, celle qui trouille des ardentes, la béante aux empestes souillées, aux barbares d’avant dire, ta brute du cerveau et silex »

[0.2-05] privés de fornique les commandos, privés d’empale et de délabre se relaxent les hurles au soleil, chassent les bambins dans les patauges, dans les atroces lugubres d’en dessous, piègent les bambins, les bébés, les bovins de l’offrande, les tuméfiées mugisses au fond du résigne, piègent les suffoques en renfort et séquelles ; piègent puis s’ouvrent grand les dépèces, le veule au bas du froc, se docilent en vain les endures de frousse [0.2-06] aux casqués les genoux, les gencives lapines et lapines, les glapisses, aux casqués la fébrile des nègres, le pis le presse, l’éprouve, à la mammaire le baiser femelle, l’aspic, le gruau d’étoiles et tracas, aux mouches, aux meugles, au rouge qu’un matin lève à gros bouillons, à l’époux la peur, la flagelle des gousses, la parpille enfin, à l’époux la ressasse des hanches, la triste des patrouilles qui n’ont pas froid aux bombes, la génisse aux gardiens [0.2-07] au groin, au grumeau, à l’agrume la carne, l’enfonce un peu boyaux, un peu tessons des lèvres, l’exhale des corps, la malmène aux soldats, aux solstices qui s’évident les sutures en esquives et brasiers, qui sordident l’épreuve après sévices, après, mais d’abord se terrent et se harcèlent les fibres section fièvre, les monotones en suspend ; et vont par les suffoques s’injecter les ornières, mais seuls et sans force [0.2-08] plutôt broyés des saccages et toisons, les miliciens se lèvent ; s’artèrent légèrement reptiles des bras ; piétinent les insurges ; traquent les vertèbres dans les obscures, les fragmentes à rebours et rebours ; traquent les burines, les déchires en purée, les miliciens ; traquent et affrontent les funèbres d’assaut et jappent la nuit, les écarlates au clair de lune ; traquent par ennui, par habitude et par rage et meurent à l’aube sous les abjectes sans tambour ni rafale, les miliciens [0.2-09] à bout d’affoles et de démembres un garde se gratte les sinistres, se tortionne les escarpes en frissons et ressacs, sa barbe rassise, son vrombit de la lèvre, ses ravages soudain dans la sature de l’air, ses extases en attendant la relève, l’échine à fleur de peur ; à bout d’affoles et de démembres il secoue ses disloques, les fusilles légèrement scrupules, ses pestilences en plein viol de l’alerte et frappe, frappe encore et encore la hyène au ventre, la divague : [0.2-10] « par la fureur des canardes au matin, par la martèle des combats et combats, par la sublime des énergies aux saillies de l’attaque, par la face émoussée des ogives où tornadent les lombaires, les muscles, les tendons roués d’acier et de lamine, par la déferle et rotules qu’un officier se les pire à jamais ou jamais en pleine ritournelle, les nausées à peine éteintes, la tressaille des babines délicatement ouverte au bout du long trauma

[0.2-11] assez de transperces au redouble des embuscades, assez de taraudes parmi les représailles, assez de renonces et de prières et de génuflexions, assez de fulmines, de flammèches, de flammes-flammes qui tourbillonnent et ferveur, assez de victimes assez, et de lait versé dans la dévaste des clairières et d’innocents au milieu des succombes pour quelques novembres déchirures, assez de chancelles en supplices et lamentes, assez

[0.2-12] ne reste plus que le tango des épouvantes, le doux déluge des mutilés au-dessus des décombres ; ne reste plus que le fracas, la crasse, la fumée qui collent aux articules, les blessés dans les sous-bois après la déflagre soudain, les reins accrochés aux cratères, les omoplates en compotes et magma, la mort en bandoulière - l’un se crispe, se maman de douleur, tend son visage aux nuages et sourdine son dernier meugle d’angoisse et d’angoisse

[0.2-13] mon chiot, ma p’tite charrue, mon bidet, as-tu le cœur pur ? as-tu les abîmes en calices et bréviaires ? quel est ton immaculé poison, ta potence ? sens-tu l’haleine mauve des armes sur ta nuque, la morsure ? mange la guerre mange la guerre, gorge-toi d’exploses et de caillasses à grands coups de blafards, gorge-toi d’inquiètes en fronçant les lichens, tout péroné des miradors, les blêmes gonflés de massacres et razzia, les fermentes à vif »

[0.2-14] --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (...) Antoine Duffeu - zéro mouvement : bombardés

-  zéro mouvement : bombardés -

guerre ne fait pas de bruit. ni bruit ni victime, tu vas réveiller tout le monde, bébé dort mon bébé à poings fermés. guerre déclarée, supplément d’altérité, j’ai oublié qui j’étais, ce n’est plus pareil, les conditions ont changé d’une (grrr grrr grrr) bombe. charge de forte puissance. des dégâts importants à prévoir et, léthargie, levrette infinie, ô toucher toucher si possible je touche, tu regardes, je sens, tu pues. prise directe dans le cul dénote. saute à deux pas d’ici, près près des ordures ménagères, menues menues ou hachées à défaut d’avoir été triées et passe la main. circulation difficile. se meut sous le manteau, aux yeux et à la barbe de tous. il n’y a pas de frontière. c’est aux poings enferrés du fond de mon amour propre gagé sur la rentabilité de trafic d’armes que je tuerai l’assaillant. je le tuerai. si je pouvais le tuer je le voudrais. d’ailleurs je t’aime mais je n’aime pas ton voisin. je n’y aventurerai même pas un doigt. pas plus qu’une caresse ou un mot. je ne me laisserais pas toucher par celui-ci ou celle-là. pourriture pour nantis ou non. plutôt qu’à boire et à manger, je veux être rassasié, je veux voir des figures prêtes à s’échanger des passes droit qui restent accrochés aux miroirs fendus. il est temps de regarder ailleurs. que cela soit clair entre nous, toi et moi. je te tue si tu pues, je te crève la panse légèrement en pente, d’un seul coup d’un seul geste vomi dans l’autre camp, passe l’entrejambe à point, partout, tour trempée jusqu’aux os, imbibé de fiente. demeure en place un moment. arme à feu ou arme blanche. retranchés, tous les membres concernés sains et, sauf qu’en cas de guerre, tu vas t’en prendre plein la gueule, défigurée, frappée du bon sens. destructions massives et marche forcée mais déséquilibrée si bon vous semble. bombe, bombe, bombe à fragmentation, plus de vie, rien que de la matière clairement identifiée et justifiée. ça y est, c’est fini, on n’en parle plus du tout une bonne fois pour toutes les occasions ratées. cul membré, tout y passe, est oublié. quelques dépenses somptuaires au passage. mais quand donc le cul devint-il membre pour la dernière fois ? Antoine Duffeu - zéro mouvement : bombardés

déjà, tout est dit tout est pardonné. fais quelques efforts pour comprendre, allongé ; vas te coucher, minable à taille humaine de plusieurs échelles fois possibles, tour d’une trentaine d’étages complètement dévastée, mines à l’avenant. on s’en serait douté. nous allons de l’avant ou nous stagnons ou nous reculons. à nous de voir et de jouir. les écorchures sont multiples. stigmates, hématomes, cous tordus, égorgés, pas de compromis, pas d’état de droits et de devoirs individualisés sans état de guerre généralisé. qu’à cela ne tienne (tagada), nous mourrons séparément. des moyens de réanimation pour des premières victimes à achever sont prévus si le besoin s’en fait sentir. odeurs infectes ou presque, odeurs envahissantes, quel rapport avec nos vies ? aucun, absolument aucun si ce n’est l’humanité et ce qu’il faut de boue. jaillit de toute part et pourrit la sanie reprise au plus offrant. c’est toujours cela de gagné, c’est toujours mieux de mourir dedans qu’à côté. tu m’as crevé toute une vie, tu ne vas pas croire t’en sortir sans moi. au compte goutte ou à coups de pioche, ne perd rien pour attendre. alors se répand en menace de représailles. tu vas voir l’état de ton cul à ton réveil, la tête prise en tenaille. des gros mots vulgaires, emphatiques. nous ne sommes jamais pour rien et jamais là au bon moment. briseur de rêve dans le chaos. voilà le chaos, une fois que tout est détruit et qu’il y a encore de la vie qui tienne, bancale, debout, prête à basculer de nouveau en guerre. nous aurions dû achever l’icône sans état d’âme, fut-elle réputée indéboulonnable.
-  neuvième lovement : cœur machino-floral de composition - TOUT, NOUS SOMMES SEREINS mais TOUT. comprenons-nous BIEN. nous étions sur d’autres planètes. nous étions d’autres vies, d’autres biologies et géométries. nous étions totalement pragmatiques et rêveurs. nous étions parfois envahis par des pulsions, des pulsions nous autorisant à tuer nos ennemis les plus intimes, parfois nous-même. sans doute ne connaissiez-vous rien de cela ; sans doute étiez-vous ternes ou incomplets. sans aucun doute, nombre de mécanismes, d’aspirations et de réalités nous échappaient. sans doute en étions-nous aux commencements. pour chialer et pleurnicher, nous nous posions là ; nous évitions proprement de pleurer de tout notre être, particulièrement devant qui aurait pu nous aimer. un sourire jamais n’embrassera notre être. Antoine Duffeu : - zéro mouvement : bombardés

composition florale, cailloux et bidons : cochonnaille, tripatouille, suce, défonce, aime. tout juste le début d’une révolution profonde et douce, simplement une naissance. nous nous sommes séparé parce que vous ne bougiez pas suffisamment, ô ne serait-ce que dans le mètre carré dont vous disposiez. vous étiez deux, apparemment ensemble, espérant former une entité vous dépassant, vous étiez (souvent des pornocrates et pornographes, en effet vous étiez multiples et heureux, cela crevait les yeux) deux et ne vous écartiez pas, lorsque l’intelligence la plus élémentaire l’aurait requis, lorsque, par exemple, un individu arrivait en face de vous et que vous trois ne pouviez pas passer ensemble. vous ne vous écartiez pas, vous pensiez un monde, un monde à deux, un monde d’ego isolés les uns des autres, toujours détestable et méprisable. nous avions la haine de ce monde-là, le vôtre, d’apparences et d’illusions savamment entretenues. le désir était vif en nous, le désir ne nous faisait plus peur, notre désir était TOTAL. seuls ceux qui avaient besoin d’être sauvés voulaient des sauveurs, les invoquaient ou les créaient de toutes pièces en des personnes anathèmes. quant aux réactionnaires aux poils hérissés et définitivement rêches, ils ne nous faisaient pas peur, sachant tout de leur faiblesse intime et fatale, un manque chronique d’endurance. donc c’est la guerre ; souvenons-nous-en et, parfois, le sang coule. toi tu es un homme. toi, tu heurtes en pleine rue volontairement et lâchement d’un coup de parapluie la tête d’un autre homme qui ne te revient pas (celle d’un juif par exemple). eh bien toi, homme musclé ou non, armé ou non, en état de guerre je te tue de sang froid dans une détermination avide (à l’arme blanche ou à l’arme à feu, à mains nues si tu es sans arme). mais ce n’est pas fini. toi, tu es une femme. toi, tu sais tout cela et a des prétentions (une histoire aussi mais là n’est pas la question). et toi tu fais le putain avec cet homme-là. eh bien, toi, toi aussi, qui m’aura joué la comédie de l’amitié, en état de guerre, je te supprime de sang froid, déterminé. et le contexte alors ? le contexte, mais quel contexte ? une rencontre qui fut antérieure ? là est justement l’endroit précis où notre morale achoppe. nous avions fait de l’amour physique et psychique une pornographie (pas besoin de caméra ou d’écran pour cela) car nous faisions l’amour, la PEUR vissée au ventre. cela se dégageait de nos regards, se sentait à travers nos gestes retenus ou avortés et se manifestait dans nos dons d’organes. nous ne bougions pas, nous nous faisions rentrer dedans et nous aimions cela pour continuer à nous prostituer, complices les uns des autres. nous détestions le grand style autant que nous détestions bien faire l’amour. Fin de la de la première partie