Rock
ANTI-HEROS ATOMISES DU R’N’R
Michel "screaming" Espag
dimanche 5 février 2006

Pour Alan Freed, premier disc-jockey diffuseur du Rock’n’Roll. Insulté sur ses origines juives,cassé et ruiné par le gouvernement des USA(1962).

Pour le groupe tchèque Plastic People dont la musique fut censurée et les membres internés par le Parti Communiste (1976).

ANTI-HEROS ATOMISES DU R’N’R

Il est le fils légitime de la bombe atomique et d’un Kamikaze. Il est le Rock’ n’ Roll. Elvis était G.I, il avait le Blues. Il chantera bientôt "0 Sole Mio" hélas. Mais en France nos tympans reçurent 5x5 ce tremblement de terre. Ce fut Vince Taylor, baron du King, qui interprétant "Shaking all over" dans un Scopitone, venait de faire un rocker de plus, moi. Car le Rock, c’est un cancer qui fait du bien et qui s’accroche à vos tripes. A douze ans en sixtees, on croquait la vie à pleine dent, je cherchais la bagarre. Et avec le R’n’R j’ai été servi. "Le rock, c’est ça" : intitulé du premier album de Vince. Mais le rock n’était pas que le cuir noir, il était la vie, s’il y avait des chaines (à vélo) c’était fait pour les briser. Quand la musique change, les murs de la ville tremblent ! Et les chanteurs à costume trois pièces-cuisine deviennent obsolètes. Mes grands frères voyous étaient appelés "blousons noirs". Ils avaient fière allure pour moi, dans leur moumoute (blouson d’aviateur). Ces rebelles sans cause qui allaient bientôt mourir pour la " pacification " de l’Algérie. Une guerre dégueulasse de plus. Oui, le monde adulte c’était ça : l’hypocrisie.

FLASH BACK 1

Wanda Jackson, The Lafayettes, Jacky Wilson, Moustique, Hector et ses Médiators, Little Tony, Heinz, Gelou...

Vivre vite et mourir jeune, facile à dire ado. Le rock était donc plus qu’une danse, il était déjà un style de vie. D’autres disques de Kings arrivèrent des USA vers la France. Certains étaient déjà morts comme Eddie Cochran qui sifflait dans "skinny Jim" sur les pistes d’autotamponneuses. Certains étaient déjà bien déglingués par les drogues et l’alcool comme Gene Vincent alias Gégene pour les français. La queen Little Richard hurlait "Long Tall Sally" dans le Juke Box et faisait le grand écart entre dieu et le diable. Bref, la déferlante s’engouffrait pour ne plus s’arrêter. Avec des décharges électriques de plus en plus terribles. Les français faisaient ce qu’ils pouvaient au Golf Drouot, peu. Le rock était américain. Let’s go ! Il allait devenir anglais. One, two, three, four ! ("I wanna be your man", The Beatles)

FLASH BACK 2

The Coasters, Ray Charles, Brenda Lee, John Lee Hooker, Carl Perkins, Screaming Jay Hawkins, Johnny Kid and The Pirates, Edith Piaf...

Le rock, c’est encore ça : POP Je change mes piles, avec la Beatlesmania. Je mets une batterie neuve avec les Rolling Stones. Une floppée de nouveaux amis vont rendre ma vie plus intéressante. Ils ont pour noms : Yardbirds, Animals ou Cream. Le son Mersey Beat est fantastique et il a une autre grande qualité, celle de rendre les parents dingues, surtout ceux de mes copains. Les miens sont plus compréhensifs. Chemise flashante, col dit pelle à tarte, cheveux longs coupe "toit de chaume"... salut Brian Jones. Pour les copines craquantes : mini-jupe et boots vinyl, le top pour danser le jerk à la Loco, au Bus Palladium. L’ op’art parle des problèmes de teenagers. Le sexe, ce n’est pas nouveau dans le rock ("Great balls of fire" par Jerry Lee Lewis), la pop dans tous ses états ("Wild things", The Troggs). Je me sens différent. Cette période m’a appris à oser imposer mon look de dandy Carnaby Street, malgré les insultes des out ( "My Géneration", The Who). En

France, on peut être mod et rocker à la fois ("Bird doggin ’" par Gene Vincent). On est in, on fantasme, on fonctionne en rapport avec les tubes parfois. Je m’immerge dans la peinture de Richard Hamilton "Interior 2" de 64. Je suis secoué par tout un tas d’émotions. Les pieds sur cette terre, ce sera peut-étre demain. Pas sûr pour moi ?

FLASH BACK 3

The pretty Things, Them, P.J. Proby, Ronnie Bird,Vigon et les Lemons, Les Variations, Bo Didley ...

Le rock c’est toujours ça : FREAK Apprendre à contester l’autorité, en écoutant les protest songs, avoir des causes à rallier. Aujourd ’ hui beatnick, demain freak ("Blonde on blonde" par Bob Dylan). On tripe sur Claude Pelieu, André Laude, Allen Ginsberg, les Provos. La guerre (encore) du Vietnam, le napalm est la morale des vieux. Tout tout de suite, pour ma génération. Mais cela n’est pas permis. Il faudra donc s’emparer du pouvoir pour s’en débarasser ? Marx et Bakounine ramènent leur grain de sable dans la machine. C’est bientôt l’underground dans la rue. Il se passe quelque chose, M.r Beauf et tu ne sais pas ce que c’est. L’insurrection de Mai 68 c’est bon pour la France. Ca barde partout ailleurs ("Street fighting man" The Rolling stones). Le rock martèle dans ma tête et accompagne les chants de la Commune. Do it !

FLASH BACK 4

The Fugs, The Mothers of Invention, Barry Mac Guire, The Outsiders, Q 65, Férré Grignard, The Edgard Brougthon Band, Antoine, Evariste ....

Le rock c’est définitivement ça : HYPE

Penser que tout est possible. Que le miroir d’Alice est brisé ("Tomorrow never knows", The Beatles). Que la route devant les roues de sa Harley, ne finira jamais ("Born to be wild" the

Steppenwolf). Même si ce n’est qu’une Flandria à selle bi-place simili panthére qui me sert de cheval. Black Rebel Motorcycle Club,mes lunettes de soudeurs me cache ce monde irréel. Les garagebands, Easy Riders, le psychédélisme, les livres de Norman Spinrad. Voilà le monde du rock qui m’accompagne, le reste n’est qu ’ illusion. Tout est beautiful ! ("Star spangled banner" Jimi Hendrix) Je roule pour la paix. Le mouvement hippie : je suis moyennement preneur. La dérive vers le mysticisme fumeux via les sectes, ce n’est pas ma tasse de thé. Le retour à la terre me semble une fuite, mais je ne juge pas certain de mes amis. Après tout, c’est leur karma. Le rock me donne une conscience politique (" Kick out the jams " M C 5)qui n’était qu’un embrion jusqu’alors. Fuck leaders ! Je regarde du côté des Wheatermen, Abbie Hoffman et Black Panthers ils sont plus dans ma ligne. L’ heure est grave dans les seventees. Je partirai moi aussi à vau l’eau, mais l’utopie d’ aujourd ’hui sera la réalité de demain. Wake up !

FLASH BACK 5

Juicy Lucy, The Blues Cheer, The Electric Prunes, Dashiell Hedayat, The Thirteen Floor Elevators, John tennon, John Cale, Léo Ferré et Zoo...

Le rock c’est plus que ça : SHIT

Je crois un instant que la défonce ouvre les portes de la perception. Etre "higher" et redescendre. Je prends le "Magical Mystery Tour", ce cliché rock-dope me fait perdre des amis et Janis Joplin. Maintenant, je ricane de Casteneda et rejète les "Flower Pot Men ". Live fast, die young, oui mais le plus tard possible ("Berlin" Lou Reed). Comme au Monopoly LSD. Abandon du nulle part, il me faut revenir à la case départ, celle qui me nostalgise-sécurise. Dégoupiller le Pub rock anglais qui revient aux fondamentaux : Rythmn’ and Blues et Rockabilly. Les galas de soutien, gauchistes ou anars, me remettent les idées en place. Ils invitent les rockers les plus solides sur leurs scénes. Free-rock, jazz-rock, puis le punk-rock, ce qui me permet de voir aussi bien

Captain Beefheart que, plus tard, Gogol. Je retrouve une santé aussi avec les vitamines du CBGB de New- York. D’autant plus que Richard Hell "Blank generation" se réclame comme Patti Smith de Rimbaud. En avant comme avant, donc.

FLASH BACK 6

Thin Lizzy, Larry Martin Factory, The Flamin’ Groovies, The Ramones, Little Bob Story, Johnny Thunders, Eddie and the Hot Rods, Dr Feelgood...

Le rock, c’est meilleur que ça : BUZZ Je refuse de me résigner. La troisième salve est tirée, c’est le Punk, puis la New wave. Je me retrouve dans le pogo destroy des riffs sanglants qui enfièvrent. Le basique du rock est de retour mais il n’a pas oublié la contestation. A son nihilisme dada des débuts (" God save the Queen"The Sex Pistols), je préfère le pessimisme combatif qui suivra. Faire un doigt à l’anteChrist Thatcher et aux autres Reagan est salutaire. Le no futur, c’est eux. ("London burning", The Clash). La France des irrécupérables se secoue la lame de razoir et abandonne ses clochettes au Gibus. Au Palace, c’est l’anarchie avec Métal Urbain. Je ne confonds pas mouvement libertaire et chaos. J’espère ne pas être le seul mais l’avenir me donnera raison, ouf. La seconde vague punk sera anti-Le Pen et contre le racisme( "Porcherie" Les Berurier Noir). Le rock est engagé et ce n’est pas uniquement par Universal. L’Internationale est speedé et l’antidote que conseille Johnny Rotten : "Pas de vie par procuration, sois une star" est situ.

FLASH BACK 7

waine County , Alan Vega,The Buzzcocks, Poly Styréne, The Dead Kennedys, Crass, Oberkampf, Les Brigades, Laid Thenardier, The Cure ,Redskins.

Le rock c’est plus que ça : SKEUD En grandissant, on se dit que ça fait un demi siècle que l’on porte la bague à tête de mort et l’insigne de la paix. Toujours pirate cool dans cette bulle-rock qui permet de supporter ce monde pathétique. Un idioscosmos à la P.k.Dick. La récupération des différents clichés et codes du rock par la pub ou la mode n’a finalement que peu d’importance. Car cela permet au rock de n’être pas stationnaire. Tel un Phénix, il se recrée. Le Gothic, Ska, Dub Hard, Grunge, electro etc... Ces nouveaux officiants continuent le combat. Le "Cœur vert" ne fait pas d’arrangement avec le pouvoir. Voir les punkers actuels mettre des claques à Bush ou à Poutine, c’est cool. Hacktivistes, Ecowarriors et altermondialistes (surtout le Black Block) sont R’N’R. Les DJs et le beat-techno aussi. La popularité du rock est toujours présente et son influence sur les autres disciplines artistiques ne se dément pas, danse, design et peinture, surtout graffiti. Voir le groupe sauvage VLP (Vive La Peinture)qui peint toujours avec son Ghetto-blaster diffusant en boucle du rock maximal. Et qui exécute aussi des performances en public avec des musiciens rock. Je suis un des membres de VLP, j’utilise mon adrénaline pour l’acrylique. La boucle est donc bouclée pour moi. Cette musique du diable (bis) est increvable. Elle nous laissera tous en extase-exsangue. Rock is dead ! Rock is stay ! Loooong live roooock ! Avec ou sans roll.

FLASH BACK 8 et ici

The Cramps, The Ruts, Parabellum, Royal Trux, The Beastie Boys, Beck, A.S.Dragon, P. J . Harvey, The Icarus Line, The Living Things...

Michel "screaming" Espag (2004)