MANTIGNEUX
jeudi 17 septembre 2009
par Administrateur- tiphaine

Surgit la sempiternelle question de la différence entre érotisme et pornographie, compliquée par la célèbre formule "la pornographie est l’érotisme des autres". Disons le nettement : les autres n’ont rien à voir dans l’affaire ! Mais que reste-t-il les autres rejetés ? Que reste-t-il sinon soi-même, son propre érotisme coincé, timide et souvent risible, sa propre pornographie, toujours indigne ? De quel érotisme peuvent-ils s’enorgueillir ceux qui justifient ... ce qu’ils appellent leurs audaces sexuelles par la nécessité de pallier leur désir défaillant, l’urgence de fournir un remède à leur ennui, le besoin d’épicer leurs rapports conjugaux de participations étrangères ? Les mondains se lèchent mutuellement les babines au nom maudit d’orgie ; les plus délurés parlent de mélangisme ou d’échangisme et les moins fréquentables de partouzes. Autre temps, autre utopie : Fourier rêvait dans son phalanstère d’une « orgie » amour transcendant noble essor des amours libres qui spontané et dégagé de calculs sordides anime une passion philanthropique". L’inverse, en somme de cette effrayante américaine habituée du "Plato’s". Mecque de l’échangisme new-yorkais qui avoue sans honte sa nullité : "à l’instant de plonger dans la mêlée des corps moi qui suis myope, je retire mes verres de contact. J’entre ainsi dans un néant indistinct et trouve le "pur sexe" dégagé de toute emprise sentimentale. Quant on a trente partenaire on n’en a plus aucun" ! A quoi bon se plonger dans cette mêlée si c’est pour nier aussitôt son existence et sa réalité de mêlée ? Quoiqu’il en soit cet aveu atteste que "besoin","habitude", "palliatif , "nécessité", "remède" "nombre" n’ont jamais fait partie du vocabulaire érotique. L’érotisme relève du jeu, et non du besoin/comme l’estiment, ou le ,II me estiment certains. C’est par là qu’il dérange. Comment prendre plaisir à jouer avec son sexe et celui des autres ? se demandent chanoines et dames patronnesses. Le sexe est sale dangereux inconvenant" ! C’est vrai : on me l’a appris tout au long de mon enfance. Heureusement, j’ai grandi Cil en est qui n’y arrive pas et je réplique : un besoin on le déplore on le regrette.

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Ouvrirent simultanément la porte à la pudibonderie des notables et aux provocations des bohèmes et des lesbiennes des "années folles". Il y a cent ans à peine, le nu photographique était systématiquement taxé de lascivité, luxure, lubricité et obscénité, et accusé d’incitation à la concupiscence .. d’indécence révoltante. tante. Cela n’eut pour effet que d’encourager les artistes, qui brandissaient les torches flamboyantes de la révolte, à s’en emparer, se lancer flamberge au vent à la conquête de l’érotisme et, forts de ce gage de liberté, consacrer leur néo-dandysme à rendre aussi beaux que possible les sujets les plus scabreux - Ils allaient répétant que le beau est tout sauf poli et joli, et qu’il peut, au contraire, s’avérer violent, choquant, parfois même vulgaire. "Inventer toujours quelque chose de beau est la marque d’un esprit divin", enseignait Démocrite qui ajoutait "une vie sans fête est une longue route sans auberge". Imaginons donc les belles fêtes que donne un esprit divin, parmi les tables servies et les lits défaits ! Foin du sexe pale et triste, flageolant dans des relents de confessionnal et de pets de nonne ; le sexe se doit d’être ni futile, ni ludique, mais joyeux avec sérieux et lucidité ! Ainsi, lorsque Sade invite ses hôtes à des pratiques à la fois drolatiques et difficiles : "Mon derrière, A ainsi que les vôtres, en se nichant dans ces fauteuils, vont être appuyés sur les doux visages ou les blancs tétons de ces demoiselles : c’est pour cela que je vous prie de vous trousser, mesdames, et vous, messieurs, de vous déculotter, afin que, conformément aux paroles de l’Écriture, "la chair puisse reposer sur la chair". Il y a, dans cette allusion à la chair sur la chair, une véritable . jubilation sacrilège, une joie presque enfantine de la dépravation qui permettent - à André Pieyre de Mandiargues de définir ainsi le divin marquis : C’est un homme, oui, qui se donne des fêtes" .

Alors que, durant l’Antiquité, les athlètes grecs participaient entièrement nus aux compétitions sportives et que la statuaire instituait le corps nu de l’homme, bien plus que celui de la femme, comme objet de désir, la pudibonderie apparut en Occident dès la prise de pouvoir des bourgeois, en remplacement de la noblesse, et leur installation en tant que classe dominante et dirigeante. L’avènement de Louis-Philippe, le "roi commerçant", fit disparaître d’un seul coup les images d ‘hommes nus, la contradiction s’avérait insupportable entre les marchands rationalistes, engoncés et collets montés, et le sexe viril dénudé voire célébré. Aucun homme "digne de ce nom" ne supportait de se montrer nu ou d’être découvert en cet état. Etre sexy ne faisait pas partie de ses attribution : Son rôle se limitait à consommer la beauté des femmes ; qu’il puisse être aimé pour son corps plutôt que pour son pouvoir dépassait son imagination. La prude- rie victorienne, en Angleterre, et l’Amérique puritaine de la fin du XIXème,

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