Rock
MC5 & THE NEW YORK DOLLS
Michel "screaming" Espag
mercredi 24 septembre 2008
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MC5 & THE NEW YORK DOLLS

"Le rock’n’roll est tellement génial, des gens devraient se mettre à mourir pour lui. Vous ne comprenez pas. La musique vous a rendu la pulsation qui vous permet de rêver. Toute une génération qui marche au son d’une basse Fender..." Lou Reed

"Quelle décadence !" Ron Ashenton (The Stooges)

Explosés en vol !

Y-a-t’il un pilote dans le zingue pour la reformation des groupes culte ? That is the question.

Car les membres restant de certains groupes, oubliant leurs fâcheries ou galères d’antan, décident de remettre ça, dix ou même trente ans plus tard. Et ces saloupios vont faire subir les derniers outrages à leurs pauvres fans. Ces sales types, devenus bedonnants, chauves et habillés comme des ploucs, reviennent pour piétiner nos rêves d’ado. Tout le monde aux abris !!! Nous qui avions le souvenir de jeunes types fringuants, sveltes, aux coupes de tifs superbes, ça craint son retour des morts vivants ! Ils trahissent leur musique et leurs vieux idéaux en bonus. Ils nous gâtent ! Leur rock, estampillé hippie ou punk, ouaf ! ouaf ! Money ! Comme dirait le Pink Floyd. Recollons les morceaux du zavion, y’a du blé à se faire. Allez, cochons de payants, anciens admirateurs et nouveaux, prêts à payer pour voir ou revoir des bras cassés. Pouah ! Pensez : The Doors "Riders On The Storm" avec Ian Astbury le chanteur du Cult, ou The Canned Heat et Doctor Felgood, groupes dont il ne reste plus que le nom. Ou encore The Beach Boys, deux groupes en tournée plus Brian Wilson seul. Quelle blague ! Bémol, The Pretty Things, Eddie and the Hot Rods, Blondie, The Stooges ou Buzzcoks sont revenus avec classe. Et respect aussi pour ceux qui se reforment pour des œuvres caritatives : The Who (sans Keith Moon, et maintenant Entwistle). D’autres encore, comme The Sex Pistols, savent que leur "escroquerie" n’entame pas leur crédit. Puisque leur concept repose là-dessus. Je laisse sur le côté de la route : l’album vrai-faux Beatles "Love" de George Martin. Ou le concert d’Elvis à Bercy (sur les affiches : Le King pour la première fois à Paris).

Il s’agissait en fait d’un film en relief, en 3D !!! Vraiment, les histoires d’amour finissent mal parfois. Mieux vaut un pirate enregistré sur magnéto craignos ou des chutes de studios merdiques que ça. Nous nous sommes tant aimés que nous ne vieillirons pas ensemble. Menfin. Parlons de deux reformations ex-arrache-patate qui laissent perplexe : MC5 et NYD. Escroc mais pas trop ?

"Nous étions la voix des lumpen-hippies" MC5

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Le groupe de Trans. Love Energies de Détroit donc. Dans le souvenir des rockers, il s’agissait d’un groupe infernal, protopunk, précurseur hard rock et admirateur du jazz de Sun Râ. Qui, en hommage au "Motor City is burning" de John Lee Hooker, devenait les MC5. Trois albums furieux, le premier "Kick out the jam" en 68, un live au Grande Ballroom, politique et barré. Leur fait de gloire : avoir joué en off au "Festival de la vie", pendant la Convention National Démocrate à Chicago. Seulement cinqs morceaux, car tout finit en émeute. Défoncés aux cookies fourrés au hasch, le MC5 trouve que le bruit des hélicos de la police est super avec leur musique. Il laisse le yippie et futur admirateur de Reagan, Jerry Rubin, seul sur scène face à la charge policière. "Faites péter les barrières, frères et sœurs !", hurlaient-ils. L’influence de leur manager-gauchiste John Sinclair n’y est pas pour rien. Il va d’ailleurs fonder le White Panthers Party et transformer ces cinq rockers en haut-parleurs de la révolution. Les Blacks Panthers les prendront pour des "clowns psychédéliques" et John partira en tôle pour neuf ans à cause de deux joints. Lennon pétitionnera, lui écrira une chanson et chantera pour lui. Il réussira à le faire sortir de prison. L’ambiance est au beau fixe. D’un côté, la CIA qui ne fait pas de cadeaux. Elle a déjà sur le dos les Weathers men qui plastiquent les commissariats et attaquent les banques de l’Amérikkka de Nixon grandes oreilles. Et de l’autre côté, le groupe gauchiste Motherfucker qui, lui, n’apprécie pas de voir des "prêcheurs" de la révolution se rendre à leur concert en limousine (erreur de management). Le guitariste Waine Kramer échappera de peu à un coup de poignard stalinien dans le dos. La révo-cul fun n’est donc pas au rendez-vous.

"On parlait de la guerre et de l’être humain-tondeuse à gazon."

Refroidi et en descente d’acide, les MC5 sortent en 70 "Back in the USA". Le retour à la maison avec du bon vieux Rock and roll puissant et poli au coin du feu. Eh oui, Sinclair veut en faire des Mao-rockers, mais eux veulent être les nouveaux Beatles. Autant demander à Jagger de devenir Bakounine à cause de "Street Fighting Man". Engagement, terminus tout le monde descend. L’émeute ok, mais finir au trou, ben heu. J’ai rien chanté d’mal m’sieur le pig ! Leur troisième 30 cm, "High Time", sent la fin de règne, l’épuisement, mais on prend quand même. Sur ce, Rob Tyner mal en point quitte le groupe début 72. Les carburateurs sont flingués et les disques se vendent mal. Viré par leur maison de disque Elektra Records, c’est le split final ( pas la lutte). Ils entrent dans la légende du rock. Suite et fin à rallonge ?

"Le peace and love fonctionnait dans le royaume du commerce musical, mais une fois que tu dépassais cette limite, que tu parlais de révolution, ça sentait le roussi." W.Kramer

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INTERLUDE. Pas chômeurs, Wayne Kramer en 74 fonde Kramer’s Kreemers et les autres en 77-78 comme Fred "sonic" Smith, le futur Mr Patty Smith, Sonic’s Rendez-vous, Mick Davis lui rejoint Destroy All Monsters, et Dennis Thompson se met en cheville avec Ron Ashenton l’ex-Stooges pour fonder New Order. Quatre groupes pas mauvais, mais quatre bides. J’allais oublier le John Sinclair & his Blues Scholars avec le soutien de Kramer. Les disques estampillés MC5, eux, commencent à se vendre. Le mythe perdure. Le survivant Kramer, après avoir fait de la tôle pour trafic de drogue, s’est remis au rock avec un petit succès. Mais rien ne vaut ce foutu nom MC5. Il relance la machine DKT-MC5 en2005-06 avec des chanteurs(euses) béton, comme Ian Astbury (encore !) ou Lisa Kekaula des Bell Rays. Et le sponsor est... Coca Cola ? Le capitalisme a aussi du bon. Les ex-freaks font du fric ? Et alors, ils ont sans doute touché que dalle dans les 70. Une excuse ça ? Passons aux suivants.

"A nos concerts, on conseillait aux gens de fumer des joints, de brûler leur soutien-gorge, et de baiser dans la rue." MC5

Poupées de cire ? Poupées de son ? Non, ils étaient The New York Dolls, un nom emprunté à un hopital new-yorkais de réparation de jouets cassés ( nounours et poupées). Les "Lipstick killers" de la décadence glam-rock, ce seront eux. En 71, Johnny Thunders, David Johansen, Sylvain Sylvain, Arthur Kane et Billy Murcia remettent à la mode le Rock and Roll sauvage 50-60 dans la Grosse Pomme. Avec travestissement en prime. Paillettes, rouge à lèvres, boa et platformboots. Les Dolls sont glamour et trash. Robes et bas résille, ils sont superbement effrayants. Ils sont le "Rocky Horror Picture Show " en direct. Le choc visuel Drag queen ! Johnny guitar hero fait penser à Keith Richards et David le lippu est cloné en Jagger. Tout cela en fait les chouchoux du public gay au Mercer Arts Center. Mais les Dolls sont hétéros et les groupies pas dupes en sont folles. Leur look ambigü vient du Playhouse of Ridiculous Theatre de John Vaccaro, un théâtre underground de travelos et de freaks.

"J’adore les filles, je voulais toujours essayer leurs fringues. Je t’aime chérie passe moi ta robe." David Johansen

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Ho ! Les filles ! Ho ! Les filles ! En collants roses, ils partent en tournée en Angleterre. Première partie de Rod Stewart, sans avoir sorti le moindre 45t. Les voilà face à 13000 rockers, eux qui passaient devant 300 personnes max. Leurs morceaux de trois minutes surprennent à une époque de solos de guitar d’une demie heure. La presse UK les considère comme le futur du Rock and Roll ou comme la pire des merdes. Billy Murcia, lui, laissera sa peau dans une fête, bourré de barbituriques et d’ alcool. Il mourra d’overdose dans une baignoire remplie d’eau. T’as l’rimmel qui fout le camp, jolies dolls ! Le groupe revient à NYC et passe au Max et au CBGB’S. Jerry Nolan remplace le malheureux Billy. En 73, "NYD", leur first album avec "Personality Crisis", est considéré comme le meilleur 33t de la décennie par beaucoup de rock critics. L’Olympia en 73, car les poupées aiment Paris et les soirées champagne-LSD à la Coupole. Ils flashent sur ce lieu romantique. Starfuckers ma chère ! 74, "In too much too soon", leur second opus au titre malheureusement prémonitoire, est de bonne facture avec entre autres "Who are the mystery girls ?". Ensuite, Mac Larens deviendra leur impresario. Mauvaise pioche. Pensant à leur chanson engagée "Vietnamese baby", il joue la provoc en leur demandant de s’habiller en rouge et il leur plante un drapeau avec faucille et marteau sur scène. T’es rock coco en pleine guerre du Vietnam. Ce genre d’humour finit de les démolir ainsi que les problêmes de drogues. Le punk UK retiendra des Dolls l’outrage et les morceaux courts. En 75, tout se barre en couilles pour nos rockers en talons aiguilles. Le mascara coule, ma grande.

"Rester Rock and Roll et sexy, pas de grosse production. Avoir de belles chaussures et un peu de rouge à lèvres aussi" Sylvain Sylvain

INTERLUDE. David Johansen "Funky but chic" fonde avec Sylvain Sylvain le D.J Group avec des morceaux de ce qui devait être le troisième album des NYD, puis il devient avec succès Buster Poindexter, chanteur de music hall genre "Cabaret". Il continue en duo avec Harry Smith avant de finir, horreur, chanteur de blues barbu. Sylvain Sylvain, lui, sera chauffeur de taxi et fondera The Criminals et The Teardrops avec peu de succès. Johnny Thunders avec Nolan fondera les mythiques The Heartbreakers, punk et destroy. L’ex "bambole" deviendra en cuir rouge le pillier du Gibus et New Rose sa maison de disques. Les Français reconnaissent en John Anthony Genzalle Jr. la réincarnation de Gene et de Vince. En 91, overdose d’héroïne à la Nouvelle Orléans le soir de son arrivée. Nolan meurt aussi de ses excès en 92. Poupées brisées, au cœur brisé à tout jamais !!! Arthur "Killer" Kane, lui, digère mal le split des Dolls. L’alcool et la dope n’arrangent rien. Il se défenestre. Puis décide d’aller rejoindre les Mormons. Trente ans à être bibliothécaire semi-clodo chez eux et de rêver d’une reformation des NYD. Hey, ma shoote !

"La seule comparaison avec mon expérience précédente, c’est qu’ici c’est comme un trip venu de dieu." Arthur Kane

Dix-sept compils NYD plus tard, Morrisey l’ex-chanteur des Smith et ex-président du fan club anglais des Dolls en 72, contacte les trois survivants pour le Festival de Meltdow 2004 en UK. Arthur Kane meurt d’une leucémie foudroyante peu après ce come back tant rêvé. Le public congratule. David et Sylvain continuent donc à Reading puis à Leeds. Arrêt sur image. Les Dolls c’est 2 albums point. La poupée qui fait... non, car un 3e arrive... un CD trente-deux ans plus tard ! Presque pur jus Dolls avec "Runnin’ around"ou "Dance like a monkey". Mais les nouveaux musiciens sont moins "sexy" que les survivants. Le CD aurait dû sortir sous le nom de NYD revisited peut-être ?

"C’est comme s’ils avaient toujours la poisse, c’est le groupe le plus malchanceux de toute l’histoire du rock." Paul Morrisey

2007. David a un peu vieilli et Sylvain a pris du poids. Mais ils sont toujours un brin vulgaires avec leurs petites gueules de Poulbot aux joues barbouillées de rouge à lèvres. Le show continue. Plume dans... le Rock and Roll ma grande.

Michel "screaming" Espag