Mémoire d’ethnologie
EXPLORATION DU MUSEE DE L’HOMME
Francesca Nouët
mercredi 24 septembre 2008

EXPLORATION
DU MUSEE DE L’HOMME

Par Francesca Nouët


Mémoire d’ethnologie

sous la direction de Roger Renaud, fait à Paris VII.

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— Les musées d’art et d’archéologie : On y trouve principalement des peintures, des sculptures, et en plus petit nombre, des objets d’art. L’objet, chargé de cette dimension historique issue du Moyen Age et de références culturelles, va finalement se poser en, modèle esthétique et artistique au musée. “L’archéologie se veut de caractère artistique”(44) conception qui rassemble, dans une démarche un peu commune, les archéologues et les collectionneurs d’œuvres d’art et qui se perpétue dans les musées. Ce n’est qu’au XVllle siècle - époque à laquelle les fouilles se limitent au monde méditerranéen et à ses influences continentales - avec les découvertes de Pompéi, qu’on s’occupera des éléments de la vie quotidienne, et que les musées d’archéologie sortiront du champ unique des oeuvres d’art et des éléments épigraphiques.

Ces musées, créés dans des palais royaux ou impériaux, sacrifieront au prestige, et à l’esthétisme - doublé d’un souci de classement d’ordre géographique et historique encore propre aux musées d’art d’aujourd’hui - ainsi qu’à une certaine forme d’élitisme quant à ceux qui y ont accès.

— Les musées de sciences naturelles, sous l’égide du Jardin des plantes du Roi, fondé en 1626, et du “Cabinet du Roi”, venant ensuite en plus petit nombre, s’intéressent à l’ensemble du domaine botanique. Ils seront pour la plupart issus des Cabinets de Curiosités.

— Les musées d’histoire, quant à eux, sont une illustration pertinente de la société dominante dont les premières manifestations ont lieu en Italie en 1520, sous la forme de galeries de portraits.

Il faudra attendre le XIXe siècle pour assister à l’émergence des musées d’ethnologie qui est souvent favorisée par les entreprises du capitalisme et du colonialisme, comme c’est le cas avec le Musée d’Ethnographie du Trocadéro.(45)

Toutefois, l’Ashmoleum Museum d’Oxford, constitue un exemple novateur en la matière : Il a été crée dès 1683 à partir de collections très différentes rassemblées par un voyageur explorateur du nom de J. Tradescant. Ces collections d’histoire naturelle, de numismatique, d’archéologie et d’ethnologie seront ensuite confiées aux enseignants - par l’entremise de l’université qui leur adjoindra un laboratoire de chimie et une bibliothèque - qui devront en assurer la conservation et en dresser l’inventaire. Ce premier musée universitaire donnera le ton d’une démarche multidisciplinaire avec presque deux siècles d’avance.

Les grands bouleversements qui vont s’opérer dès 1750 - avec notamment la révolution industrielle, les mouvements d’indépendance des pays d’Amérique anglo-saxonne et l’affirmation des grandes puissances européennes dans le domaine colonial - vont avoir une forte incidence sur l’histoire des musées dont l’activité se déploie surtout en Europe et en Amérique du Nord, là où précisé ment un mouvement des nationalités se développe. Les musées, dans ces périodes troublées, en tant que protecteurs du patrimoine national, aideront les peuples européens à prendre conscience d’eux-mêmes, en même temps qu’ils continueront à être les instruments de diffusion d’un certain savoir.

On va assister en Europe à une véritable émergence muséologique et à une “étatisation” des collections.

De même que vont naître, à l’initiative des Etats, et parfois aussi de sociétés savantes, des musées dont le British Muséum, fondé en 1753, est le premier du genre. En France, de 1792 à 1795, trois grandes institutions voient le jour : le Musée du Louvre, le Muséum d’histoire Naturelle et le Conservatoire des Arts et Métiers.

Cette onde muséologique va se généraliser un peu partout dans le monde, donnant aussi leur place aux musées, moins nombreux, qui se dédient à représenter l’identité nationale comme c’est le cas à Paris avec l’édification du Musée des Monuments français, en 1796, et à Nuremberg, d’une part, avec le Germanische National Muséum, et d’autre part, avec le Musée national de Prague, tous deux fondés en 1853.

Les musées d’art et d’archéologie, qui demeurent les plus nombreux, perdurent toujours dans l’esprit du Mouseion grec et tendent à se séparer, notamment dans les pays anglo-saxons, en accentuant la différence entre Muséum et Art Gallery. La présentation se fait désormais par écoles.

Si les musées d’art sont enclins à soutenir l’idée d’un idéal classique, ils peuvent aussi se tourner vers d’autres inspirations, ce qui donnera lieu aux premiers musées d’art contemporain. Mais leur ouverture toute nouvelle sur d’autres critères artistiques ne va pas jusqu’à prendre en considération des mouvements d’avant-garde - comme celui des impressionnistes le fut en son temps - auxquels ils restent très fermés. Les arts d’Extrême-Orient, quant à eux, jouiront d’un meilleur accueil au sein de ces institutions qui, jadis, les laissaient de côté.

A l’époque du Consulat et de l’Empire, la France tentera de décentraliser l’art en créant une vingtaine de musées régionaux qu’elle dotera d’œuvres prélevées sur les riches collections nationales. Mais dans la plupart des cas, la naissance des musées d’art dans les villes de province sera due aux efforts des Académies de dessin ou encore sera motivée par le profond désir de ces villes de réunir, pour le conserver et le montrer, un patrimoine archéologique et historique.

Les musées d’art décoratif qui se créeront, découleront, quant à eux, des expositions universelles, qui, depuis celle de 1851 à Londres, présentent des meubles et objets d’artisanat dans le but de stimuler l’image de l’industrie, tentant ainsi, comme c’est le cas pour les musées de sciences naturelles à l’égard de l’agriculture, de contribuer au développement de certains secteurs d’activité.

Les musées d’archéologie participent eux aussi de cet essor muséologique et sont en plein extension tandis que leur champ géographique tend à s’élargir. Leur aire de fouilles englobe à présent l’espace romain antique, la Grèce de Périclès, l’Egypte Pharaonique, le Proche-Orient sumérien et assyrien et l’Amérique pré colombienne, ce qui créera des rivalités entre les Etats dominants et appauvrira les patrimoines culturels dépossédés.

Des musées d’histoire de l’armée et de la marine de guerre commémoreront des victoires, rendront hommage à des hommes illustres, et seront des miroirs qui refléteront les nationalismes propres à L’Europe du XIXe siècle. Des musées thématiques comme le Musée de la Marine, en 1827, le Musée des Monnaies, en 1833, et le Musée de l’Hôtel de Cluny, en 1843, verront aussi le jour.

Il est intéressant de remarquer que le Musée Carnavalet a été créé, en 1865, dans le but de conserver des témoignages de la vie à Paris avant que le plan d’urbanisme d’Haussmann ne rentre en vigueur. On peut noter également un regain d’intérêt pour la préhistoire dont le Musée des Antiquités à St Germain-en-Laye, fondé en 1862 par Napoléon III, est une des manifestations tangibles.

Le musée d’ethnologie qui apparaît à cette époque est encore trop près de l’esprit des Cabinets de Curiosités dans son approche de l’objet qu’il considère sous son aspect exotique, décoratif ou étrange, et il faudra un certain temps avant qu’il ne s’intéresse à lui comme manifestation de la culture matérielle et de la vie quotidienne et en recherche les objets type, et pour qu’il le remette en situation dans son cadre d’origine. Fait d’importance à prendre en compte dans l’émergence des musées d’ethnologie au XlX siècle : l’intérêt grandissant de certains pays occidentaux pour les pays colonisés.

Seront également prises en considération les sciences exactes et les techniques contemporaines dont on présentera les productions rassemblées dans d’importantes collections, comme ce sera le cas avec le Conservatoire national des arts et métiers, pour la France.

L’incroyable essor industriel qui touche une partie de l’Europe, en cette fin du XIXe siècle, - tandis que le reste du monde semble s’être endormi ou est en proie, comme nous l’avons dit, par endroits, aux entreprises grandissantes de la colonisation - et en particulier l’Allemagne, la France et la Grande Bretagne, va profiter au développement croissant des musées qui se trouvent dans son aire géographique d’expansion. Les musées des Etats Unis refléteront aussi cet essor.

En 1869 et en 1871 se créent, à New York, le Metropolitan Muséum of Art et l’American Muséum of Natural History. Ces dates font figure d’événement en même temps qu’elles ouvrent la voie par leur importance à une nouvelle histoire de la muséologie celle “d’un mécénat éclairé”. Ces musées, quant à leur organisation, appartiennent à des associations qui élisent des administrateurs bénévoles pour les gérer à titre privé : les “trustees”. Ce fonctionnement, propre à beaucoup de musées aux Etats-Unis, leur confère une certaine indépendance vis-à-vis de l’Etat, dans la mesure où l’éducation et l’action culturelle sont confiées à ces administrateurs.(...) à suivre dans notre prochain numéro