Ecrits contemporains
Homo Economicus
Philippe Macquet
mercredi 21 mai 2008

« Nous sommes sur un vaisseau qui s’appelle la TERRE. Et nous n’en sommes que les locataires »

Tel est le constat de Michel Serre.

De notre point de vue, notre aptitude collective (et nos attitudes individuelles) à ponctionner les ressources de façon illimitée peut laisser à penser que nous nous conduisons davantage en propriétaire tout puissant, plutôt qu’en locataires respectueux de notre biosphère. Peut-être est-ce notre éducation qui nous éloigne de la conscience de notre position d’interdépendance vis-à-vis du reste du vivant ? Notre organisation sociale, économique et culturelle semble en effet continuer de reporter sur les générations futures la caution que nous devrions normalement assumer en tant que locataire. C’est tout l’enjeux d’un développement qui soit réellement durable que de parvenir à renverser cette logique, pour ne pas hypothéquer les chances de notre propre devenir, obérant également celles des générations futures. La prise de conscience marquée d’une crise étendue à l’ensemble de la planète et donc, d’une problématique écologique désormais globale, laisse bien naturellement à penser dans bien des esprits que la situation peut aujourd’hui sembler irréversible. Plusieurs constats alarmants, très largement médiatisés, viennent notamment étayer cette thèse : réchauffement climatique, pollutions aggravées, dérégulation des processus économiques, retombées sociales souvent dramatiques et accroissement exponentiel des inégalités... Érosion de la diversité biologique... Etc... La liste est encore longue. Si notre culture est certes en mutation profonde, grâce à cette prise de conscience lente mais aujourd’hui évidente, force est de constater que tout ceci contribue également à créer dans l’esprit d’un large public un sentiment de désespoir et une perte de sens généralisée. Le produit de tout cela traduit ce que tout un chacun peut observer de plus en plus : une sorte de désinsertion sociale et un réflexe (bien légitime ?) de repli sur soi. L’individualisme prend une connotation fort négative alors qu’il est, originellement, l’un des fondements de nos sociétés occidentales et une composante essentielle de la démocratie.

L’une des conséquences la plus visible de ce désengagement des citoyens dans la vie de la cité se traduit par une sorte de fuite en avant du modèle en vigueur - faute de mieux - mettant en péril certes les espèces et les écosystèmes, mais aussi et surtout menaçant à plus ou moins brève échéance ce qui fait - au sens large du terme - notre humanité. En produisant cette analyse, il n’est pas question pour nous de porter un quelconque jugement de valeur sur la société ou sur les individus qui la composent. Par nos expériences personnelles, professionnelles et nos engagements respectifs, il nous a simplement été donné de nous confronter à ces questions et de développer une pédagogie, assortie de moyens concrets, pour éclairer autrement cette vaste problématique.

Notre motivation consiste à nous réunir - à travers une dynamique de mise en réseau de compétences - et à diffuser des outils opérationnels pour partager une vision moins pessimiste de l’avenir, car bâtie sur l’engagement individuel et l’action collective. Le projet ADD - Attitude Développement Durable - se propose donc, non de vous convaincre d’une vérité que nous aurions, mais de vous investir comme citoyen-acteur de notre dynamique de réseau, qui n’a qu’un seul objectif : « Apporter la meilleure contribution possible à un modèle d’intelligence collective, à déployer puis à essaimer notre démarche auprès du plus grand nombre de nos concitoyens, notamment les plus jeunes, car ce sont eux qui auront en charge d’assumer l’héritage que nous leur laisserons ».

L’HISTOIRE de l’apparition de la vie sur la terre est interdépendante de l’histoire de l’univers ; Il s’agit d’une co-évolution.

Si l’on en croit la théorie désormais célèbre du Big-Bang, une explosion primordiale, - survenue il y a environ 15 milliards d’années - aurait été au début de la création de l’univers. Seulement 2 éléments existent alors à cette période reculée : l’hélium et l’hydrogène. Après moult péripéties, de ces deux éléments sont nés toutes les galaxies et les étoiles que nous pouvons observer dans le ciel. Celles-ci, en se concentrant sous la pression de la force gravitationnelle, allument le feu nucléaire (fusion) et créent en leur sein - en quelques millions ou centaines de millions d’années seulement - de nouveaux atomes (en fait, tous ceux de la table de Mendeleïev). À la fin de leurs vies, les étoiles les plus massives explosent en super novæ et répandent dans l’univers la matière qu’elles ont elles-mêmes créées. La poussière redevient alors poussière et l’univers s’enrichit de nouveaux éléments qui initialement n’existaient pas. C’est ainsi que des étoiles de seconde, troisième ou quatrième génération ont pu se former notamment dans ce que l’on appelle des « pouponnières » (les nébuleuses). En se contractant, certaines étoiles se parent d’un cortège de planètes, fabriquées avec « les restes » du disque d’accrétion de l’étoile. La terre est l’une de ces planètes et fait partie du système solaire. S’ouvrir à cette vision astronomique de la place réelle de la terre dans l’univers - et donc de l’homme sur sa biosphère - peut rendre la planète unique pour l’ensemble des terriens que nous sommes :notre capacité à porter un regard contemplatif et interrogatif sur notre monde sera le garant de son devenir, donc de notre futur. En comprenant le monde, nous en devenons les acteurs responsables. En effet, l’histoire de notre « terre nourricière » - reliée à celle de l’univers tout entier - nous intéresse particulièrement car les conditions initiales au moment du Big-Bang ont permis de faire émerger la vie, et au-delà, ce qui fait notre humanité. Nous n’avons pour l’instant aucune preuve que cette vie puisse exister ailleurs (du moins telle que nous la connaissons). Il nous faut la chercher parmi les 200 milliards d’étoiles de notre galaxie et parmi les 200 milliards de galaxies qui semblent constituer l’univers observable. C’est une tâche titanesque.

Or, cette vie que nous côtoyons chaque jour sans y prêter suffisamment attention, nous la menaçons de plus en plus. En moins de 4,5 milliards d’années (l’age estimé de la terre), plusieurs phénomènes astronomiques ont eu lieu. Certains furent catastrophiques et provoquèrent des crises d’extinctions massives d’espèces, tandis que d’autres, antérieurs, sont probablement à la source de l’apparition de la vie et tendent à percer le secret de la diversification (toujours frénétique) du vivant. Aujourd’hui, l’espèce « Homo sapiens sapiens » (réputé deux fois sage...) fait peser la menace d’une nouvelle crise d’extinction du vivant. Ce qui se retrouve derrière le néologisme de « biodiversité » est constitué d’environ 20 à 50 millions d’espèces présentes sur la Terre. L’homme en fait partie et le destin de notre espèce est lié à la bonne marche de l’infiniment petit comme à celui de l’infiniment grand... Puissions-nous en prendre rapidement conscience et le communiquer à nos semblables. Alors une évolution de « Homo economicus » vers « Homo durabilis » sera créatrice de sens pour l’Humanité toute entière. •

Réseau « Attitude Développement Durable » - projet porté par Aye-Aye environnement (Association loi 1901)

1bis, rue Pierre Curie - 78640 Villiers-Saint-Frédéric - Tél. : 01 76 78 27 63 - reseau-add@ayeaye.org

avec le soutien de la sarl Solvere (Société de Conseil - Formation en pédagogie expérientielle).