Rock
Rock’n Roll king size
Michet "screaming" Espage
lundi 28 janvier 2008

Trente ans que le certifié "King of Rock and Roll" a quitté notre vallée de larmes. Qui donc, en 2007 va pouvoir prendre la relève, hein ? Je vous le demande !

God save the King !  

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Détournement
Matthieu Moreau

  Eh oui, cher Elvis, tu nous as largué en pleine période punk. Tu en étais un pourtant, toi qui débarquais bien chargé chez Nixon. Et avec un flingue pour lui réclamer le badge de la brigade des stups. Ça manquait à ta collec, c’est vrai ? Sacré Elvis "Tupelo Mississipi Flash" Presley. Bien plus tard, on t’a vu dans le film "Bubba Ho-Tep" de Don Coscarelli. Marre du vedettariat ! Tu t’étais planqué dans une maison de retraite pour te battre contre une momie, ton dernier combat. On connait maintenant la véritable fin de ta vie. Dire que certains t’ont vu travailler en France dans une station service ! Vraiment n’importe quoi ! Yeah ! Elvis donc était le "King of Rock and Roll" depuis 1954. Mais les autres pionniers, Richard, Bill, Chuck, Bo, Jerry Lee... ce n’était pas rien. Tu étais pourtant le moins puriste et tu as ratissé extra-large musicalement, non ? Sacré Elvis "King of western bop" Presley. Alors, qui, mais qui pourrait le remplacer en 2007 ?

"Elvis a été une bénédiction pour nous, les noirs", Little Richard

 

Yeah ! Et les kings des racines du rock and roll, hein ! Dès les années 30. Parlons-en de ces ancêtres de la musique du diable, les jitterberg, gospel et boogie-woogie avec Louis Jourdan, Fats Domino, Sister Rosetta Tharpe, Wynonie Harris ...

Kings of the road.

Seuls, les Beatles avaient mis en danger ton titre, cher Elvis, et ils s’étaient mis à quatre et en quatre pour te le ravir ! Yeah ! Trente ans ont passé et depuis, personne pour ramasser la couronne du "Hillbilly cat". Trente ans déjà que tu nous as abandonnés, le "Pelvis". Pourquoi ? Les sandwichs banane-beurre de cahouète et les pillules, pourquoi !!! Et qui pourrait avoir 151 disques d’or et de platine comme le roi de Memphis ? Hein ! Choisis ton king (crime de lèse-majesté), oui, mais où est la fève dans la galette vinyle ? That’s the question. Yeah ! On peut penser aux sirs : Mick Jagger, Paulo Mac Cartney, hum, pop pour bobos à présent. Ou à Tom Jones, il a fait Las Vegas. Ou encore à des absents : Strummer, Cobain... Notre hôtel des cœurs brisés affiche complet. Hélas. Trop tard pour eux ! Cry, baby cry !

"Avant lui, il n’y avait rien", John Lennon parlant d’Elvis.

 

Et le fantastique P.J Proby qui a joué Elvis (jeune puis âgé) sur scène à Londres. Je pense aussi à Lux Interior depuis l’album "A date with Elvis". Qui alors ? Alice Cooper, Marylin Manson, les maquillés comme des citrouilles halloween volées ? Ou pire, le monstre Dave Brockie de Gwar ? Je ne sais pas, je ne sais plus... Et, les filles trashy, les Amy Winehouse, Queen Andreena ... Certains rockers peuvent aller se rhabiller chez Tounu ! Et si c’était ta fille, Lisa Marie ? Yeah ! Elle lui ressemble et rocke plutôt bien.

I’m a king bee.

Et les petits nouveaux dans cette histoire ? Roitelets only. Ah ! Le John Spencer est très proche de ma vision du king 2000 avec un rock hurlant et déconstruit. Je le sens bien dans la place. Comme Seiji de Guitar Wolf , groupe de japonais furibars. Bullshit, presque, presque ça... Yeah ! En fait, pour mon référendum à moi, deux prétendants me viennent à l’esprit . Pour être un king, il faut une super voix, il faut être un bon showman et risquer sa vie au nom du Rock and Roll. Si le favori au titre est bien allumé, même destroy, c’est la beuh sur le gâteau. Son aura tient la route. Des noms, des noms ! Eh bien, cher public, que dites-vous de deux sexagénaires. Car, on ne meurt plus jeune dans le rock. J’ai donc nommé : Iggy Pop pour les USA et aussi un français. Non, pas le pote à Sarko. Celui-là nous a trop gonflé depuis "La bagarre" et "Je suis né dans la rue". Nein , pas ce french-belge-suisse pognon. Yeah ! un french-italo qui roule pas sur l’or. J’ai nommé : Little Bob alias Roberto Piazza. Ouais, un mec qui chante pour les bikers mais aussi pour S.O.S Racisme et contre la guerre en Irak. Un rocker avec un cœur gros comme ça. Un vrai de vrai !

Nobody is perfecto except Roberto.

Yeah ! Il est à lui seul le petit village rock Gaulois qui résiste à la daube. P’tit Bob, c’est un coriace qui ne chante qu’en anglais. Pas le genre à lâcher le rock and roll pour lécher la variété. Même après des années de galère.  

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Little Bob
Matthieu Moreau 2007

  Little Bob comme Elvis, n’est pas né riche. Son petit pavillon au Havre, ce n’est pas Graceland. Lui, hélas, ne finira pas en king multimillionnaire et iI ne passera jamais à la télé ni à la radio. Dans les années 6O, au Golf Drouot, son groupe s’appelait les Red Devils. Mais pour lui, c’était de la mise en bouche.

"En scène, il ne déçoit jamais, avec cette voix chaude et puissante", Jean-Bernard Pouy.

 

Yeah ! Car tout commence avec Little Bob Story, le perfect groupe de Dockland en 74. De ceux qui sortent la formule 1 du garage et qui prennent la route du succès. Les seuls français avec Métal Urbain à être respectés par les mags de rock anglais. En pleine période pub-rock, ils ont joué au Marquee à Londres et 250 fois en Angleterre. Des tournées avec Eddie and the Hot Rods ou Doctor Feelgood et aussi... au premier Festival Français punk à Mont-de-Marsan.

"Merde, comment traduire en anglais les pavés mouillés du Havre ?" Little Bob.

 

Yeah ! En 76, "High Time" est l’alboum qui remet en France les pendules à l’heure rock. Avec les premiers morceaux écrits par Bob, morceaux aussi forts que ses reprises des Animals, Gene Vincent, Bob Dylan ou Small Faces. Le porté à ébullition "Riot in the Toulouse" est déjà un classique, car Bob chante comme Eric Burdon ou Van Morrison. Pas un mince compliment. Bruce Springsteen a écrit pour lui "Seaside Bar Song" et Southside Johnny comme San Tyla le considèrent comme un grand.

Sur scène, c’est la totale boule de feu et, pour son trentième anniversaire, Phil May et Dick Taylor des Pretty Things sont venus le seconder pour "Come see me". Les cons qui se moquent de son physique et de ses lunettes de myope ne méritent pas de nettoyer le bout ferré de ses santiags. Avec sa Storia, il a vécu sur la voie rapide de 1975 à 89. En solo depuis, y’a du roulis au Havre ! Yeah ! Little Bob, comme les pionniers Little Tony et Little Richard, c’est la fidélité à la culture rock. Keep rocking ! Et pour nous, déjà 30 ans qu’il mouille son perfecto rouge. No future is now ! Alors prends, prends cette foutue couronne p’tit Bob !

Play List dites 33 Little Bob : High Time, Livin’ in the fast lane, Live, Ringolevio, Too young too love me, Lost territories,The Gift...

 

Portrait de l’iguane en jeune chien fou.

Si Elvis, en plus d’être un grand chanteur, scandalisait les américains moyens avec ses déhanchements et ses costumes empruntés aux mauvais garçons noirs en 54, Iggy Pop, en plus d’être un grand chanteur, horrifiait ses concitoyens en se lacérant le torse avec un tesson de bouteille et en se roulant au milieu des morceaux de verre. Du body art quoi ! Iggy, c’est d’abord un batteur, celui des Iguanas puis des Prime Movers. Il était, dit-il, introverti à l’époque. Il avait peur des filles, caché derrière ses caisses. Il s’est rattrapé depuis. Son aventure avec les Stooges (les frères Ashenton, Ron et Scott) durera de 69 à 73. Il va ramener avec eux le rock infernal, celui des bombardiers kamikazes chez les jeunes flower power.

"A l’origine, le Rock’n’roll illustre plutôt la lutte des classes et le conflit racial que le fossé des générations." Iggy Pop

 

Yeah ! Notre Iggy, lui, est le premier à porter un collier de chien et le jean en lambeaux, ce qui fera de lui le goodfather du punk. Il avançait aussi debout sur la foule dans les seventies, porté par les mains et les épaules du public. Une image trash "christique". Donc, seulement trois disques d’enfer rock et de free jazz (Ron a une batterie composée de fûts d’huile et pour rendre un son de réacteur de boeing au décollage, il utilise un mixeur). Le quatrième alboum, le live "Metallic KO" est enregistré en plein baston au Michigan Palace. Iggy y insulte les bikers présents "Les Scorpions". Les cendriers et le reste pleuvent sur le groupe, mais Iggy est content. Il cherchait cette confrontation, les hippies étaient trop dans les vaps pour lui. La folie et le chaos du rock originel, c’est ce qu’il voulait.  

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Iggy Pop
Matthieu Moreau 2007

 

"Iggy est l’enfant sauvage du pays électrique", W. Burroughs.

 

Yeah ! Il faudra attendre 2003 pour la reformation des Stooges (Les Crétins) sur la scène du Bol d’Or. Toujours les motards. Et, en 2007, le CD "The Weirdness" pour le retour des riffs incisifs et des effets de pédal fuzz. Entre temps, il y a toutes ces drogues dures (deux acides et quelques pétards avant le show). Même de l’anesthésiant pour éléphant avant d’entrer sur scène et de s’écrouler après trois chansons pour un long sommeil ! Puis l’internement et la rédemption grâce à David Bowie, d’excellents disques et des concerts avec escalade des amplis à poil.

Car Iggy le reptilien donne tout et réussit à ne pas mourir de ses excès. Iggy est un mythe. Il est le survivant, il est aussi Chevalier des Arts et des Lettres depuis 2003 (bravo la France !) et si on lui passait la fucking couronne il s’en moquerait (c’est R’n’R’). L’Amérique se reconnaitra-t-elle en lui comme elle s’identifie maintenant à Elvis le misfit ? On peut en douter car Iggy a été dans ses chansons contre la guerre du Vietnam et contre le monde selon Bush.

"J’enregistrais des disques de rock, c’était juste un refuge, comme un ado se perdant dans un poème, dans une histoire d’amour"… "Je suis le garçon branlant, la tête pleine de napalm", Iggy Pop.

 

Yeah ! Mais avec le temps, on oublie ce qui fâche. Les USA ne retiennent d’Elvis qu’un good guy qui aimait sa maman et qui chantait des chants de Noël. Exit les chansons pour Martin Luther King et le ghetto noir. Oui, il était un brave gars qui n’avait pas oublié ses origines de pauvre blanc du sud vivant parmi les noirs et d’autant plus méprisé par les autres blancs. Iggy, lui aussi, a eu une adolescence minable dans un camp de caravanes. Et, comme Elvis, ses racines c’est le blues noir. Comme Elvis, il est excessif, beau et voyou. Que demande de plus le peuple des rockers, hein ! Search and destroy !

Play List dites 33 Iggy Pop : The Stooges, Fun House, Raw Power, Kill City, Zombie Birdhouse, Instinct, Américan Caesar, Skull Ring…

 

Michel"screaming" Espag Votre serviteur ès-rock   P.S. Et la voix d’Elvis. Elvis avait repris le "Blue suede shoes" du fantastique Carl Perkins qui, beau joueur, disait qu’Elvis le chantait mieux que lui et qu’il était plus beau gosse. Carl, qui était chez Sun avec Presley, lui rendra aussi hommage avec le rockabilly "The Elvis Presley Express" que je conseille fortement. Oui, le monde du rock l’aimait. Yeah ! Le King est mort, vive le King ! Cry, baby cry !

Play List dites 33 d’Elvis Presley : Elvis Presley, Elvis, Loving You, King Créole, For LP Fans Only, Elvis is Back, From Elvis in Memphis, From Memphis to Vegas,The Complete Sun Sessions, Memories : The ’68 Comeback Special,The Complete Million Dollar Quartet...