Théatre
Jean Fabre (vu et pas corrigé)par Tiphaine Stepffer
Je suis sang
vendredi 3 février 2006
par Tiphaine

JE SUIS SANG

Récréation de la pièce de Jan Fabre

A la Cour D’Honneur du Palais des Papes à Avignon

Sur la scène, un grand corps étiré, corps-moléculaire et scénographique est animé, mené, par un clown, un bouffon.

Nous pensons à Jean-Noël VUARNET et à son artiste-philosophe, tragique, contorsionniste, personnage singulier, mi-homme, enfant fou possédé par des métamorphoses successives. Il va être présent tout le long de la pièce en maître de cérémonie. En simultané, une femme énigmatique déroule à la cadence du texte son fil d’Ariane, pour remettre en ordre le chaos soulevé par notre bouffon, la trame du spectacle, est soutenue par des danseurs, interprètes, et des musiciens, en bande comme des peintres urbains, laissant leurs traces de matières vivantes, des symboles graphités, le corps maculé de la scène restera souillé par ses traces.

Décortiquées en amont, des danseuses - comédiennes font des signes spatiaux, habillant tantôt un maillot, tantôt une robe de mariée.

Le sang apparaît déjà, signifiant, puis la nudité comme délivrance ultime.

L’HISTOIRE donc depuis le Moyen Age, « ceci est mon sang, ceci est mon corps ». Cérémonie panoramique, menée avec brio et énergie par Jan Fabre, raconte dans une mise en espace tourbillonnante cette cavalcade, primitive révolte, des corps dans un langage d’agonie.

Les accessoires, les volumes, les masses, planches, et murailles en fer glacial, vont se colorier de rouge, comme les robes, comme les murs, comme les corps, l’histoire du sang dans la COUR d’HONNEUR à AVIGNON.

Les scènes se développent, dans la chimie, expérimentations. Les mille artifices crées par Jan Fabre nous plongent, nous immergent.

La cruauté s’affirme, le grand plasticien gère cette meute et sa chorographie, vers une mise en scène qui est la danse définitive et plurielle de la mort de l’humanité. Serait-ce l’art ? notre dernier rempart ?