Rock
Les disques ne sont toujours pas à vendre (partie two)
Michel "Screaming" Espag
dimanche 9 septembre 2007

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Interview sur un billard électrique de Michel "screaming" Espag par Lou Malevit. (suite de la face one)

Mes disques ne sont toujours pas à vendre ! Shit (partie two)

L.M : Après 68, les vapeurs d’encens et le rock coolos-lysergique avaient aseptisé les méninges ?

S.E : Que nenni tartine à l’acide, gare à ton karma ! Le rock dur a continué dans les 70. Il y avait de la came, on pouvait casser sa tirelire pour le Edgar Broughton band, Pink Fairies ou le Velvet Underground, puis pour Lou Reed seul "Berlin", style junky cuir "border line". Le hard rock avec Led Zeppelin "Whole Lotta Love", Black Sabbath "Rat salad" miam, et Deep Purple et son "Into the fire". Les Beatles eux nous abandonnent en 70, en nous laissant le premier tube punk "Helter skelter", les Stones eux sont là avec "Sticky Fingers", puis "Exile on Main Street". Ne pas oublier Johnny Winter et son blues chauffé à blanc, on ne molissait pas. Hélas la musique planante arrive,hareu Khrisma ! Beurk ! Seule la musique électro accoustique de Pierre Henry me permet de survivre, et son album génial de messe électro "Ceremony" avec les Spooky Tooth. Le R’N’R’, lui, est relégué dans les Festivals revival, avec Jerry Lee Lewis et Chuck Berry devant un public de Teddy boys indécrottables et de curieux, presque le Musée. Pas sectaire, j’écoute Gong "You" et Johnny Burnette. Et, voila le glitter, rock avec écho et paillettes, pour les pistes de danse. Suzie Quatro est bien nunuche en cuir et Alvin Stardust est pire, un minus qui se prend pour Vince ! Bidon, de la daube ! Les plumes et le goudron, vite !

L.M : Et les Flamin’Groovis seuls, au milieu des fleurs en pot ?

M.S.E : Oui, ils étaient là aux U.S.A , à entretenir la flamme des riffs nerveux avec "Teenage Head". Roy Loney c’est le R’N’R’ avec le look Hippie. J’écoutais aussi les gamines The Runaways. Les anglais de Shakin’Stevens & Sunsets, et aussi les Wild Angels, qui reprenaient "Brand new Cadillac". Il restait des cartouches pour ne pas mourir idiot. Je découvrais aussi des bluesmen comme Hound Dog Taylor ou Professor Longhair. Dans l’hexagone, Larry Martin Factory sortait du lot. Et de la "perfide Albion", Thin Lizzy avec un gros son nous

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Peinture : Matthieu Moreau 2007

martelait "The Rocker", pour ne pas oublier. Gaffe, mon papy est rock and roll addict !

L.M : Le Pub rock va re-dynamiter la scène, ça biche fort.

M.S.E : Sûr, je vais chez mes dealers, l’Open Market pour les Count Bishops qui reprennent "Don’t start cryin’ now" des Them. Et chez Harry Cover pour Iggy Pop, The Pirates (ancien groupe de Johnny Kid) qui balance la sauce pimentée avec "Out of their skulls" ou Crazy Cavan en mollahs teddy boys. La mélasse à vécu, le rock à vaincu. Mais avant tout le monde en 75, les Doctor Feelgood et leurs médicaments illicites ont sorti "Down by the jetty". Les Kevin Coyne, Ian Durri, Mink De Ville, Eddie and the Hot rods, Ducks Deluxe, The Inmates, sont mes dragées de miel au poivre, miam ! Et notre Little Bob Story en France, qui casse la baraque avec "High time" ça dépote dur ! On découvre aussi les "nuggets" de chez Big Beat ou Lolita :The Standells avec "Dirty water", The Sonics, The Chocolate watch band, Kenny and the Kasuals... tous ces fatherfuckers 60’ de série B qui avaient du talent mais pas la baraka. Le rock n’est plus convalescent, run devil run, ouf !

L.M : Et avec le label New Rose, le rock pointu avait pignon sur rue.

M.S.E : Affirmatif, j’y achète les vinyls des Real Kids ou des punks australiens The Saints. Quand je pense à tous ces disques fabuleux qu’ils sortaient pour la gloire, de R. Stevie Moore aux Dramarama, et ceux à qui ils offraient une seconde chance, Tav Falco, Charlie Feathers, Alex Chilton, Dick Rivers... Pas pour les tunes, car les ventes ? J’y trouvais aussi les autres squats punk : V.I.S.A ou Bondage, pour les cassettes, Berurier Noir et autres alternatifs. C’était notre label Rough Trades à nous. On se faisait même serrer par les flics dans les environs du magasin. Cool Raoul, c’est du R’N’R’. L.M : Le CBGB de New York-Babylon, la scène pour looser de luxe.

M.S.E : Glam, tu m’étonnes. Les New York Dolls sont les clones des Stones, des trans en strass ou des stars en trash qui dégainent leur rouge à lèvres. Ils nous allumaient avec du rock primaire."Too much too soon" un feu de paille éternel pour moi. Et, la Patty Smith avec son costard fripé "Gloria", The Ramones en Dalton, gabba, gabba, hey ! plus miss Debbie de Blondie en nuisette. Avec eux, on a de quoi attendre la 3e guerre mondiale, non ? L.M : Vous mélangez un peu les années si je ne m’abuse, docteur ?

M.S.E : Et vous vos notes. Mais, vous savez, des neurones me manquent. Cette vieille chose, le rock and roll, qui ne veut pas mourir. M’enfin, comme les baby boomers.

L.M : Revenons à nos dégueus chéris : les Pistols, qui avaient tout déclenché. La reine pensait s’exiler sur l’Ile d’Elbe !

M.S.E : L’orsque je passais les Sex Pistols, on me disait que c’était ignoble. Le punk à eux seuls. Les Clash, pour moi, étaient les nouveaux Stones et les Buzzcocks pop. Ici, Métal Urbain brûlait l’écran Kinopanorama en cuir. Le retour du rockabilly remanié punk : avec ces gonzos de Cramps, et les rocky peroxidés de Stray cats, ou Alan Vega "Juxebox babe". L’ ex-Suicide aurait plu à Vince. Les Pretenders avec la louloute Chrissie Hynde, sont R’N’R’ non. Et en France, les Rockin’ Rebels font du doo woop. Le flash back continuait même au ciné, avec Les Leningrad Cow-boys dans les films de Kaürismaki, bananes et santiags immenses, une parodie- hommage au Rock and roll. Oui, mon cher, les perfecto ne sentaient plus la naphtaline.

L.M : Les Clash sont rockers et nous font connaître le reggae.

M.S.E : Le dub, c’est Don Letts qui le fait connaître aux Clash. Ce reggae instrumental élastique créé par Lee Perry. Car, pour libérer Marie-Jeanne et la ganja pour tous, Bob Marley et Peter Tosh étaient déjà en place. C’est wanted dread & alive. Spécial respect aussi pour L.K Johnson, ancien Poete and the Roosts pour "The queen is a bitch". Vous avez dit : rude boys ? Les Jamaïcains employaient aussi le terme rocker. Pour le ska, les Spécials reprennent le "Let’s go" des Routers, hymne rock des frenchies 60’. Mais, yes pour Joe Strummer et les Clash, ils sont R’N’R’. L.M :Les années 80, la new wave et la cold wave, on se cherche ?

M.S.E : On trouve vite ses repères. Avec Cure, que jai vu à leur premier concert à l’Olympia, et les Joy Division à l’angoisse crépusculaire. Les Sonic Youth aux distorsions terroristes et Nirvana avec leur chaos, me surprendront aussi. De bonnes descriptions des aliénations du monde par les rockers du mal-vivre. Des grands et ça ne court pas les boulevards du rock.

L.M : Le rap ça fait mal, quand il vous arrive. Le rebelle nouveau est arrivé, il faut supporter son blah - blah - blah.

M.S.E : Yo, pas jusqu’à la lie. Pour moi, c’est rap-rock avec Run D.M.C et Aerosmith dans "Walk this way", Beasties Boys, les Fats Boys avec Chubby Cheker aussi pour une version speed-humour de "The twist". Tone Lock et "Wild thing", Public Ennemy en Black Panters new look. Suprême NTM, Assassins, La Phase, Keny Arkana "La rage" : les tueurs français. Ouvrar, le piou-piou avec "Je ne suis pas bien portant" était un pionnier en 1900, non ? Plus sérieux : Léo Férré avec "Et...Basta !". Mais j’ai lâché prise avec les zy-va de la gueule gansta rap et leurs histoires de fric, morues et bagnoles. Des plans de maquereaux. Ta mère en tongs et bonjour les idées creuses. Martin Luther King et Angela Davis :démolis par des black beaufs ! Triste pipe à crack.

L.M : La techno, l’electro, et le hip hop finissent de ringardiser le rock vite fait, bien fait ?

M.S.E : Bonne question, fusion electro-rock, oui : Mick Jones, l’ ex- Clash avec Big Audio Dynamite, aucune trahison. Le "Bruce Lee" d’ Underworld ça cogne. Et le premier CD de Fat Boy Slim, avec mixage des Trashmen, hein. Pour la pop Death on Vegas et Air pour la French Touch. Les Chemical Brothers pour le trip festivals 70’ et les raves. Ne pas zapper les black frangines jazz- soul d’ ESG avec "Step off", ou l’ electro dévergondé de la Peaches. Et, en bonus, le très chargé rocker Bobby Gillespie des Primal Scream, psyché sur "Screamadelica", electrochoc no political correct sur "Swastika eyes", et stonien avec "Nitty gritty". Bonnes secousses sismiques pour la méga tuf. Et on reste entre nous papy, non ?

L.M : Alors "live fast die young", ou toujours à écouter des oldies ?

M.S.E : Yes, Tuxedomoon "Soup du jour" en entrée, les B52 "Quiche lorraine" puis Mozart Fucker ! "Symphonie n°28,K.200" en plats de résistance, suivi d’ Erik Satie "Morceau en forme de poire" pour le dessert. Tout bon dans la maison des boomers. Genérations de torpilleurs de bon goût. Sans dec man, oldies but goldies !

L.M : Les rockers au jour d’aujourd’hui, mon bon monsieur ?

M.S.E : A voir le look des latinos skateurs dans le film de Larry Clark "Wassup Rockers", c’est les sixtees de Question Mark & The Mysterians. John Spencer, Dirtbombs, White Stripes , tous re-look les racines. Datsun, Lords of Altamon, Go, Warlocks, des pas dégueu copier-coller. Et ici, c’est "Passe ton bac d’abord" avec les néo- mod-punks 06. Soirées au Gibus pour 5¤. Et excuse-moi partenaire, Eudeline en parrain des bahuts. Les no pasteurisés Second Sex, Naast ou The Hellboys n’ont plus besoin de rien depuis qu’Elvis leur est apparu. Pour les lolycéennes : Les Plasticines, Violett, Sue de Pravda. Pas ménagères elles, but survireuses. Aux soirées Gloria,je retrouve des garages de revenants :Remains, Fuzztones, ça crache des décibels. Et chez Born Bad, j’achète les galettes des killers d’hier et des djeuns boutfeu. Allez, Paris Calling ! Y’a pas d’limit, brûle, brûle shit ! L.M : Question-piège, être rock en 2006, c’est quoi ?

M.S.E :Pipe de crack !C’est larguer un groupe à succès, avoir les bras en chambre à air et sortir avec Kate Moss. Pete Doherty dans le plan R’N’R’ loser. L.M : Le big-bang du big disque à emporter sur une ile déserte ? M.S.E :Toute ma discothèque, avec mon amour, mes ami(e)s et mes chiens. Espérons que l’île sera grande et qu’il y aura un bar.

L.M : Vous ne vous mouillez pas ! C’est comme Beatles-Stones !

M.S.E : J’hallucine ! Ecoute Lou, me cherche pas. Tu veux briser mon cœur de rock and roller ? Tension, je sors mon flashball. Mec, je te prends quand tu veux au lancer de CD de Sardou. T’es mal barré, j’te plie en deux dans les bras de Sarko !

L.M : Et bien, heu, je vois qu’il reste des beaux restes, merci et bonne continuation dans la soucoupe violente R’N’R’. On m’appelle en régie, je crois. (Cafouillages, claques et craquements, verres brisés, bagarre générale à deux et ... reste de la bande inaudible).

Michel "screaming" Espag et Lou Malevit (en mauvaise passe)

FIN

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Peinture : Matthieu Moreau 2007