Editorial Toc Toc Toc 13
dimanche 16 septembre 2007
La réalisation de ce numéro 13, comme chaque numéro de TOC TOC TOC, nous a donné bien du mal. Les difficultés, ne le cachons pas, étaient largement liées à la complexité du thème central, à savoir « le Bien et / ou le Mal ». Au commencement...

La réalisation de ce numéro 13, comme chaque numéro de TOC TOC TOC, nous a donné bien du mal. Les difficultés, ne le cachons pas, étaient largement liées à la complexité du thème central, à savoir « le Bien et / ou le Mal ». Au commencement... nous étions donc « bloqués ». Alors, une fois de plus, nous sommes allés à la rencontre de nos artistes collaborateurs : écrivains, peintres, photographes, graphistes. Leurs évocations littéraires et artistiques nous ont ouvert la voix de L’ART et cette voix a fonctionné comme un détonateur, en nous assurant de la légitimité et de l’urgence de notre débat.

Les philosophes des Lumières : nous avons choisi un texte de Diderot extrait de « Ceci n’est pas un conte ». Son sens moral nous a frappés. « Le Bien et le Mal » y sont incarnés par Mlle de la Chaux et son amoureux Gardeil, personnage inconsistant et odieux. Une histoire d’amour, oui, mais l’auteur de L’Encyclopédie saura avec virtuosité nous faire douter des inextricables limites entre le Bien et le Mal. L’héroïne, amie intime de Diderot, se sortira de toutes les épreuves agrandie, « savante », traductrice de Hume et d’autres philosophes. A travers le portrait de cette guerrière, Diderot a-t-il voulu nous démontrer que les chemins du Mal étaient impénétrables, nous rendant ainsi capables de dépassement ?

Le Dossier « Le Bien et / ou le Mal » apparaît comme une charpente mobile et un axe casse-cou, avec Nietzsche en « tête de proue ». A ses côtés, dans le plus grand désordre, Krisnamurti, Artaud, Paul Ricœur, Dostoïevski Hélène Cixous, Catherine Clément, Ducasse, Goethe, bref, que des maîtres de la pensée non-ordinaire. Car, en somme, qu’est-ce que le Bien, qu’est-ce que le Mal ? Vaste question à laquelle les penseurs, les philosophes et leurs concepts moraux, parfois théologiques, se sont confrontés, y compris les plus endurcis et les plus éloignés des systèmes de valeurs traditionnels. C’est que le sujet aurait comme des exhalaisons de soufre... Leurs textes sont d’ailleurs parfois si « libres » qu’ils nous font croire que tout peut être accompli et leurs discours nous placent déjà « au delà du Bien et du Mal ». Quant aux écrits hindous... Cette science spirituelle a tout trouvé, établi et raisonné : le Bien et le Mal sont des états pouvant être représentés par la même Divinité.

Réflexion sur l’artiste : Urs Luthi, « Better Life for Art », la vie transformée par l’Art. Quelle aubaine ! L’artiste Lüthi nous pousse vers cette célébration. Ses performances, installations et autres expériences, peinture, photo, sont différentes facettes de sa vie vécue autrement. C’est à Lausanne, dans une cave, insolite endroit, que Rodolphe Stadler l’a découvert.

Textes contemporains : Martial Jalabert, « Dans les poubelles du docteur Faust ». Récit, amalgame de plusieurs textures : l’auteur a-t-il pris les poubelles d’assaut ? Il a fouillé et trouvé, vous verrez. Notre Fernando Arrabal nous délivre-t-il une pièce de théâtre ou un triptyque oratoire ? Une traditionnelle et belle histoire d’horreur, écrite, réfléchie, raffinée comme une enluminure de Fouquet.

Photographie : « Autodafés », d’Yvan Savauge. Gestes et mises à mort des symboles, des êtres, des livres ; est-ce bien ou mal ? de brûler, d’effacer, de torturer...

Exploration d’un Musée non imaginaire : Le Musée de l’Homme par Francesca Nouet. Déambulation sur les lieux les plus fréquentés, de Paris. Que de conférences se sont déroulées devant la terrible statue de la fécondité ! Ce lieu n’existe plus : fini les découvertes sur les extraordinaires « apparitions » derrière les vitrines. Notre amie Francesca a écrit, décrit, photographié, caves, corridors, salons, salles... 300 pages. Nous suivrons page à page son périple.

Artistes contemporains : Marcel Gili, des sculptures et des textes. L’ART comme il nous l’a appris à l’ Ecole des Beaux-Arts de Paris. Lui, le Maître, le pratiquait chaque jour dans chaque œuvre, de la manière la plus exigeante, la plus sensible, la plus rare, avec une énergie dionysiaque.

Rubrique Livres : M. Aguéev, « Roman avec cocaïne ». Ce récit fulgurant fut longtemps attribué à Nabokov. M. Aguéev, écrivain méconnu, ne nous a laissé que ce texte et une courte nouvelle (Un sale peuple) qui l’inscrivent dans la grande littérature russe. Datée des années 30, cette histoire est celle d’un adolescent turbulent qui ira du bonheur véritable au paradis artificiel. Kyotaro Nishimura, « Petits crimes japonais ». Huit nouvelles d’une ironie délectable. Ici, le crime parfait est un jeu, un mode de vie, une passion... Philippe de la Génardière : son « Tombeau de Samson » s’ouvre dans un temps lointain. Une petite main d’enfant joue avec ses Dinky Toys. Derrière lui, sur le pick-up, « la balade de Chopin ». Un pianiste, Samson François, joue... Un ange passe.

Dans la rubrique EXTASES, poursuivant « sa chasse » aux mystiques, Jean-Noël Vuarnet nous dresse le portrait de l’une des plus énigmatiques des mystiques : Louise de La Vallière. Son amour pour Louis XIV sera sa perte et sa rédemption. "L’amour violent que je ressentais et la joie d’être aimée pour moi-même furent les chevaux furieux qui entraînèrent mon âme dans le précipice". Elle finira sa vie au carmel où elle se retira en 1674.

POESIE : cette rubrique accueille Joe Bousquet, poète, romancier, esthète dont pensée et écriture émanent d’une même source. Sa vie démesurée, recréée, amplifiée par son terrible mal, est la source féconde de son inspiration.

EXUTOIRE : Lao-Tseu, fondateur du taoïsme, nous promet un être à révéler par la force de nos actions, par la réflexion et la méditation propres à chaque nature. Par cette voie, nous pourrions arriver à l’harmonie.

ROCK : comment Michel « Screaming » Espag, notre cher collaborateur, s’est-il formé et construit autour de sa passion pour le ROCK ? Avec ses disques, ses goûts et préférences, il nous fait partager sa dévorante vocation autour d’une discothèque presque idéale, la sienne - Première partie .

Tiphaine Stepffer