Rock
THE RAMONES & CBGB’s - Peintures Matthieu Moreau
Michel "Screaming" Espag
mercredi 17 janvier 2007

"J’ai la liberté en moi, je suis comme je suis et pas comme on aimerait que je sois. Je refuse la société, je suis une artiste, je fais du Rock and roll, je suis libre de sauter, de lever le poing, je me fous de tout." Patti Smith

PUNK : expression péjorative désignant un jeune vaurien qui ne vaut pas tripette, surtout en taule.

Les héros du peuple sont immortels.

CBGB's (JPG)

One, two, three, four... J’ ai vu New York, New York U.S.A, ses deux tours jumelles debout, le Chelsea Hotel, le Max’s Kansas City et le CBGB’s. Et aussi ce petit lapin rose qui tape sur son tambour, quand tous ses confrères s’endorment sur la route. Il va la réveiller en 1975 "la grosse pomme". L’inusable lapinos à pile Rock and roll.

"R&R is very primitive, it’s no high-tech." Joey Ramone

Dans le quartier de Forest Hills, Queens. Look un peu cette grande bringue de plus de deux mètres. Sapé à mort, il porte des lunettes roses avec une robe et des colliers, il se croit glamour dans les rues de New York en 1974. Ses disques à lui : the Dolls et the Beach Boys période "Surfin’USA".

Allez, l’ancien hippie sortant d’HP, laisse tomber The Snipers, ton prem groupe glam. Joey, t’es bon pour être le chanteur des Ramones. Définitif, abandonne ton mixer qui te servait pour tes peintures aux fruits et légumes. Et le Johnny, les cheveux longs jusqu’à la taille, la beuh(l’herbe) oui, mais qui déteste les hippies. Avec ton perfecto, t’es déjà plombé guitar heroe. Et le Dee Dee à la basse qui a fait de la taule à quinze ans et ne sait jamais où dormir. Il a la dalle et fait le tapin à la recherche du michton pour pouvoir acheter sa dose. Plus Tommy, le premier batteur tout droit sorti d’une bande de petites frappes. Tous ont été virés de chez leurs parents.
Hey ! Ho ! Let’s go ! Hey ! Ho ! Let’s go !

"Nous sommes des amuseurs. Nous ne prêchons rien, les gens se retrouvent dans ce que nous exprimons. Ils ressentent les mêmes choses. Tout ça est très terre à terre."

Ces mecs étaient vraiment le peuple élu du R’N’R’ quoi.
En fin de parcours Love and peace : blouson de cuir noir miteux, jean troué, T-shirt ripou, baskets craignos et coupe au bol, cliché rocker méchant 50’-60’, le contre-pied des bons sentiments hypocrites en vogue. C’est cool  ! Ils piquent à Paul Mac Cartney l’un des pseudos qu’il signait sur le registre des hotels : Ramone.

Six mois de répète plus tard... départ fulgurant, les UFO attaquent !
Hilly Kristal, le taulier du CBGB &OMFUG, boîte de Hell’s Angels crade dans le Lower East Side de Manhattan, les trouve plus mauvais musiciens que Television, mais sincères. Ils passent donc dans sa boîte de "Country, Blues Gras et Blues et autres musiques pour les gourmets de réconfort". Mais qui deviendra en août 74 punk, du nom du fanzine (n°1 avec : nos Ramones, et un interview de Lou Reed, époque Metal Machine Music, le disque fait pour ceux qui utilisent la seringue comme d’autres la brosse à dent ")

The Ramones (JPG)


"Il y avait des affichettes collées dans tout N.Y : "Punk arrive". J’ai pensé : "Voici encore un groupe de merde avec un nom plus merdique que les autres" Debbie Harry de "Blondie"

Le punk sera bientôt kidnappé par Mac Laren et trouvera sa couronne miteuse chez la perfide Albion en 1976. Bien après que les Ramones aient sorti leur premier vinyl, en trois jours au Studio Radio City Music Hall pour 6400$. Une somme ridicule pour qui a lancé le truc punk-rock qui, aujourd’hui encore, est en bonne santé et utilisé à toutes les sauces. Pop-punk, funk-punk, electro-punk, country-punk , punk mélodique... Ça me gave

"Nous voulions faire de la musique qui ne soit pas "progressive". Nous voulions refoutre de l’énergie dans le rock." Joey Ramone

Car les Ramones sont le cliché du groupe garage et leurs morceaux, des giffles deux minutes chrono "Blitzkrieg bop" et "53rd&3rd" ou la reprise du tube 60’ de Chris Montez "Let’s dance" sont balancés à un public accro au speed sous toutes ses formes. Leur modernité, c’est que leur musique est TGV. A chaque audition, la vitesse verticale se rapproche du rouge. Quatre disques en deux ans. Et, contrat-confiance pour les histoires idiotes ou tragiques. On vous aime les gars !

En 1975-76, c’est la mort des solos de vingt minutes. D’ailleurs les Ramones en seraient incapables. Gabba Gabba Hey ! C’est leur cri de ralliement débilos pour leur philo existentielle de teenager écervelé. Mais les disques "Leave home", "Rocket to Russia " etc... ne se vendront jamais des masses.
Bad bad brain...Bad bad bad brain...

" Nous n’avons écrit aucune chanson positive jusqu’à "Now I wanna sniff some glue." Dee Dee Ramone

Et voilà le disco qui concurrence le R’N’R’-punk aux USA. Les Ramones partent donc en England en 76 pour voir si l’herbe y est meilleure. Dee Dee Ramone se prend pour une rock star et claque pour 700$ de bouteilles de scotch en deux jours au room-service de l’hotel ! Au Roundhouse, ils auront dans le public les futurs Clash, Sex Pistols et Damned qui, hypnotisés par ce mélange de candeur et de dureté, retiendront la leçon basique et en rajouteront même une couche caricaturale. Ceux qui allaient devenir The Clash disent aux Ramones "Maintenant qu’on vous a vus, on va faire un groupe". Réponse : "Tout ce que vous devez faire, c’est jouer, les gars. Vous savez, sortir de vos caves et jouer." En vrais potaches, les Ramones adorent mettre quelques gouttes de pisse dans la bière qu’ils offrent à leurs invités. Johnny Rotten boira cul-sec. Quelle santé ! Car les anglais veulent jouer aux durs, devant les Ramones, qu’ils prennent pour un gang new-yorkais. Comme Sid Vicious qui ne lâche plus son idole Dee Dee et le double en consom de stup. Pour l’épater. Mais voici queTommy Ramone abandonne ses baguettes et redevient le producteur du groupe. Marky Ramone puis Ritchie Ramone seront les nouveaux batteurs. We’re a happy family ! We’re a happy family !

"On veut sniffer de la colle et revenir à la prise directe. Et surtout on veut rire en vous emmerdant."

En 8O, leur maison de disques leur cherche un tube et les branche donc avec Phil Spector, le producteur génial et fou furieux des sixtees. Il veut transformer nos Ramones en Ronettes le dangereux Phil, qui ne se déplace jamais sans ses deux gardes du corps jumeaux et avec ses flingues. Bonjour l’ambiance  ! Traumatisés, les Ramones déconseilleront fortement à Debbie Harry d’utiliser le parano. L’album End of the Century avec "Do you remember Rock’n’ Roll Radio" (will you remember Jerry Lee, John Lennon, T. Rex and O’Moulty ? It’s the end of the 70, it’s the end of the century) et "Chinese rock" de Dee Dee, percute en Europe. Mais il est démoli par les fans aux States car "sur-produit". Les Ramones auraient-ils perdu leur âme, leur rage ; Hey,hey,hey !

Non, le surf-hot rod, style garçons de la plage des rues, c’est eux. Avec la poubelle renversée et le mur en brique graffité.
On les fait passer pour des Pieds Nickelés dans l’émission de télé crétin hop "The Uncle Flyod Show" ou dans le film "Rock’n’Roll Highscholl" où le Dee Dee trop défoncé ne pourra jamais dire son texte : "J’ai envie d’une pizza" . Elvis était passé par là lui aussi.
Teenage lobotomy, mon punker ! Fun,fun, fun, rock’n’ roll !
Dee Dee et Johnny sont toujours dans les drogues dures et Joey dans l’alcool. Il adore aussi les croix gammées fluo, bien qu’étant juif car ça fait flipper les babas et leur signe de la paix. La scène de N.Y.C n’est pas nazi, il s’agit de provoc imbécile par des gens pas toujours très mature. Joey par ailleurs se foutra de la gueule de Reagan qui est allé dans un cimetière allemand se recueillir (par erreur) devant des tombes de SS. "My brain hangs upside down" (Bonzo goes to Bitburg) sur "Animal Boy" en 86, comme il détestera le "Pinhead" (tête d’épingle ou débile) de Bush. Les tournées de nos délinquants se succèdent. Europe, Japon... "Sheena is a punk rocker", la Bubble-gum music et le punk sont au rendez-vous. Leur vie est dingue et leurs copines presque toujours des prostituées junkies au grand coeur.
Ma-ma-ma-mama-ma-ma-ma-mama’s boy !

"Du temps, ça nous a pris, pour devenir le plus fameux groupe inconnu du monde" Joey Ramone

Les problèmes se pointent : Marky Ramone, le second batteur, prend trop de pillules et d’alcool. S’endormir derrière ses fûts, ça craint un max. Il est remplacé en 84 par Richie. Dee Dee, le compositeur principal du groupe, jette l’éponge et plante le groupe en pleine tournée 92. Après quinze ans, ce qui était une éclate est devenu un job. Les autres ne lui pardonneront pas et refuseront qu’il réintègre leur équipe plus tard. L’inénarrable Stiv Bator l’invite à Paris pour fonder l’éphémère Whores of Babylon avec Johnny Thunders. Ça se passe très mal ! Il passe au rap en solo, rébellion  ! Tout part en bollocks. Joey et Johnny, eux, ne se parlent plus depuis des années. Les débuts idylliques, où ils sniffaient du trichlo et du dissolvant, semblent loin... Ils sont devenus des délinquants juvéniles de quarante ans et plus. Sha-la-la-la. Sha-la-la-la ! The Ramones sans Dee Dee, c’est Roux sans Combalusier. Sur "Acid Eaters", ils sont en manque et reprennent The Who "Substitute" et The Troggs "I can’t control myself". Leur dernier CD en 95 est "Adios Amigos". Dernier concert à Los Angeles en 96. RIP, bye,bye. Joey malade(cancer de la lymphe) fera deux bons CD solo, avant que la faucheuse vienne le prendre en 2001. Dee Dee, lui, meurt d’overdose en 2002, puis Johnny d’un cancer en 2004. Pas de pitié, pour ceux qui ont entretenu vingt ans la flamme de l’ado révolté. Oohh...Oohh...Oohh...Oohh...

"...He was truly character, a great songwriter, a friend, and the most influential punk rock bassist of all time."
Johnny Ramone : A tribute to Dee Dee.

The Ramones : un mythe, nos amis misère, nos faux-frères maudits, qui auront bientôt à titre posthume leur vengeance avec un musée en Allemagne consacré à eux seuls et un film aux U.S.A. Comme The Doors, Ray Charles ou Johnny Cash, excusez du peu. La gloire est un plat qui se mange froid ? Ramones=mainstream en 2007 ? En tout cas, on peut trouver leur papier peint officiel et une animation de Ramones pour son mobile sur le net (et Paul Anka veut faire une reprise sur son prochain album). Tout cela post-mortem. Les Beatles avaient eu droit au merchandising cochonneries (poupées, guitare jouet, perruque, papier-cul, etc...) de leur vivant, eux. New York 2007 est aujourd’hui propre sur lui avec le maire Giuliano. On ne fume plus, on ne boit plus et les bouges baissent leur rideau de fer. N.Y.C, paix à son âme.

"La plupart des nouveaux groupes sont fabriqués. Il n’y a plus d’audace, plus de feeling, plus de cœur. Il y a un manque de cette qualité humaine qui fait le rock&roll si grand" Joey Ramone

Four, three, two, one... Les tours jumelles, elles, sont rayées de la carte et le mythique CBGB’s du Bowery fermé. Il sera bientôt reconstruit en carton-pâte à Las Vegas en 2008 ! The Dictators, The Bad Brains et Patti Smith ont fait les ultimes prestations. Hilly Kristal, le fondateur, s’est tiré avec les bars, la scène et les urinoirs dans lequel Dee Dee, Stiv Bator et d’autres se sont shootés. Oh baby, do you wanna dance ? Et maintenant, époque de merde où les top models portent des T-shirts avec tête de mort et des épingles à nourrice serties de diamants. Et les bobos, eux, nous piquent le logo culte Ramones (l’aigle indien avec une batte dans ses griffes), notre bannière. Ca craint un max ! Le punk chic est tendance. Ainsi va le R’N’R’, jusqu’à son prochain lâcher de napalm ! Que demande le peuple ? Le retour du lapin rose ! I don’t care, about this world...

Le Ramoneur : Michel"screaming" Espag

Watch out ! Punk is comming !!!The Dictators,The Neon Boys, Télévision, Richard Hell and the Voidoids,The Patti Smith Group,Wayne County/Jayne County and the Electric Chairs,The Heartbreakers, Blondie,The Dead Boys, James Chance and the Contortions,Transisters,The Shirts, New York Dolls, Suicide...