Toc Toc Toc 12
Editorial
Tiphaine Stepffer
samedi 27 janvier 2007
L’éditorial de la revue Toc Toc Toc numéro 12.

Ou, comment fut composé Toc Toc Toc 12

Nous allons commencer par le plus ardu. Que reste-t-il aujourd’hui, en termes de perte ou d’écart, entre un philosophe contemporain et la philosophie classique ? Pour le savoir, nous nous sommes imposé un beau défi : le face à face entre Diderot et Guy Debord. Que peut-on déduire à partir de deux modes de pensées philosophiques et comment cerner la position mentale et réelle de l’être actuel ? Après le naufrage du modèle classique éduqué aux grandes idées humanistes, il reste encore l’être sensible, attaché aux valeurs philosophiques, artistiques, historiques, initié aux sciences et aux religions. Nous ne devons pas croire ni nous laisser abuser par la belle idée qu’autrefois, l’accès à la culture et aux études étaient à la portée de tous. Au contraire, c’était l’apanage d’une classe dominante qualifiée d’élite. Au peuple était réservée la sinistre culture. Nous avons donc avancé dans l’idée d’une certaine égalité... Mais cette nourriture de masse est-elle supportable ? Cette consommation de masse, justement baptisée « l’ère du vide » par Gilles Lipovesky, ne serait-elle pas plutôt le grand plein, un système dans lequel tout objet devient le vecteur d’un signe économique ? Nous serions donc entre la fin de la culture et l’avènement définitif de la consommation. Nous vivons l’ère d’un hédonisme industriel dans lequel l’idée de profit a remplacé celle de changement ou de révolution. C’est pour cela qu’après des noms comme Denis Diderot et Guy Debord, nous en avons choisi d’autres tout aussi représentatifs, comme notre sujet « Regards Intérieurs » et notre Dossier central nous l’imposaient. Søren Kierkegaard, Gaston Bachelard, Antonin Artaud, Hélène Cixous, Nathalie Sarraute, Michel Fardoulis-Lagrange, Joe Bousquet et d’autres... : De l’angoisse aux rêveries, de la déroute aux songes, des états oniriques de la descriptive masculine aux cris illuminés de nos femmes écrivains.

Réflexions d’artiste : Maître Shiraga Kazuo, peintre, prêtre bouddhiste, nous lance un appel à la spiritualité. Ses toiles dont l’énergie, les couleurs, les textures et les formes sont en continuel mouvement, nous transportent vers le monde de la méditation et de la grâce.

Textes contemporains. Martial Jalabert chasse les fantômes de la mort. Regard très intérieur. Francesca Nouet nous livre une description flamboyante et onirique d’un paysage marin et solaire. Notre nouvelle collaboratrice Ekat(peintre) nous envoie un court récit extrêmement mystérieux, Fernando Arrabal, qui est-ce qui le croyait mort ? réponse ? lire son poème. Barbara Fournier, un conte , une histoire pas que pour les enfants, Philippe Pujas, il nous a habitués à une écriture « de fond », subtil, sa narration nous tient en haleine, et pour finir Taddeo, 9 ans, le jour de la mort de son grand père, il a écrit cette lettre.

Rubrique Photographie : Dominique Cros, des images en blanc et noir, intérieures, éclats lumineux d’instants figés.

Livres : Martial Jalabert pour « Jane ou La Cité Idéale », une utopie à cheval entre fiction et réalité. La compagne de Tarzan nous ravit, nous séduit, et sa quête initiatique est aussi prenante qu’une odyssée... William Burroughs et ses rêves, retenus, presque laconiques, et des tableaux surréalistes, constructions mentales énigmatiques. Bruno Schulz, l’aventure d’un magicien de la matière, d’un alchimiste, qui draine toute une population autour de son personnage complexe et baroque. Yves Martin nous promène entre jubilation et déraison avec l’énergie d’une écriture au galop. On se perd, on se découvre, on trinque au banquet de la Vie.

Artistes contemporains : Joël Trolliet Des toiles verticales, écritures-peintures, aux multiples lectures possibles.

Exploration de penseurs : textes d’Artaud, photo de T.Geffray. Un voyage, une lecture, des moments où les mots et les images s’enchevêtrent autour d’un seul axe : la mort. Et pourtant, l’air, la sonorité de la lumière, la pierre, les êtres qui habitent ces parages, nous invitent avec paganisme au Grand Festin. Extases : Jean-Noël Vuarnet prolonge ses cantiques profanes. Entre prologue et introspection, la tentation d’offrir aux mystiques la vision d’un devenir...

Exutoire : Pour une fois, nous allons entendre Pablo Picasso, le lire, le suivre dans ses écrits et ses pensées.

Poésie : Jean-Paul Guibbert, poète de l’inaccessible. Il n’est plus là, mais ses poèmes continuent de nous regarder.

Ecriture Internaute : la luciole électrique inspecte à corps perdu notre mode de vie, la société, le monde, ses perversions et ses égarements.

Rubrique Rock : Michel « screaming » Espag se souvient des Ramones et du CBGB’s... Une page d’histoire de ce groupe mythique et grandiose. Une époque révolue ? Non. les Ramones et le Rock sont définitivement intemporels. One, Two, Three, Four...

Stepffer Tiphaine - décembre 2006