Artistes comptemporain
Les Emouvantes
Catherine Ekat
samedi 18 novembre 2006
(JPG)

Je traverse un patio plein de verdures, des morceaux de ciel, des grands arbres. Au loin un aperçu d’un monolithique et vieux bâtiment gris, ciment....

Un grand désordre règne près de maisons bâties en verre et fer, transparences, allée translucide.

Je rentre dans l’atelier de la plasticienne Catherine Ekat, et là l’ombre, le diffus. Au milieu de l’atelier, des pots, peinture, terre, de vieux pinceaux qui trempent dans des bocaux ébrèchés où un jus brun trouble tremble.

Les quatre murs sont remplis de toiles à sécher, à retravailler.. Une me fait face, je reste immobile. Devant la grande toile un long corps debout prend tout l’espace, le corps, les jambes nues et ces pieds chaussés de haut talons noirs.

La lumière qui se verse sur ses cuisses arrive d’une fente qui déchire le long manteau noir en forme de couteau, cette fente aiguise l’écartement des ses jambes fortes et bleutées, des coups de pinceau d’un jus ocre et violine s’empare des muscles et volumes.

Le long du corps des mains ballantes et desserrées font le geste d’avancer, de l’ocre, du gris, de la terre d’ombre les séparent du manteau. Je suis devant « L’ Emouvante », de quelle sexe se réclame t’elle ? Etrange ange bisexuel....

(JPG)

Voici Catherine Ekat, la peintre, je la regarde évoluer dans l’atelier, je n’existe plus, assise et oubliée. Elle prend un pinceau, l’immerge dans un pot, et le sort rempli d’une couleur terre, plus soutenue, brun Van Dick, elle s’approche de la toile, et avec un geste direct met sa couleur sur la surface, un va et vient frénétique élabore, trace, et le pinceau reviens. Partout où elle passe son pinceau se transforme en nuances, cette épaisse matière, très chargée, s’allége, devient tantôt transparente, tantôt rugueuse, formant des îlots, une géographie terrienne s’empare de volumes, les formes commencent à surgir, elle choisit un autre pinceau très court et large, elle va vers un autre pot, cette fois c’est la couleur vert émeraude, luisant, et foncé le liquide est jeté à grands gestes sur le plan qui avait déjà du bleu, la superposition sera raclée, forcée à devenir texture. Qu’est cette cérémonie ? le corps se courbe, s’élance, s’aplati, c’est la couleur qui dicte sa chorégraphie ? Dans le silence, tous les bruits de chaque action, se font sentir. La peintre prend un curieux instrument et dans un tout petit morceau fera passer et repasser son outil, une vingtaine de minutes sur la même surface, elle incruste, épile, arrache...de minuscules boutons ou cratères surgissent, scintillants.... Prenant un torchon elle vient vers moi, ouvre un tiroir et sort d’une grande boite en fer, de figurines faites en toile noire, encrées et de minuscules portraits, encadrés en vieux bois, il me présente le profil de son grand père , photographe dans sa jeunesse, qui deviendra aveugle après un accident, le portrait de sa grand mère qui volait pour elle des anges dans les cimetières....toutes ces choses ,si aimées, sont enveloppées dans des papiers jaunis, des petits soulier d’enfant, peints en doré....des objets qu’elle trésorise depuis son adolescence. Le temps de sa peinture était donc commencé depuis longtemps, nos matières enfantines qui vont grandir, s’accentuer pour transformer notre caractère, notre paysage intérieur, le mental précisément s’engonce, et cristallise dans l’amalgama de la mémoire, sensorielle, où chaque perception prendra aussi sa place, créant ainsi notre futur univers esthétique et sensible.

Stepffer Tiphaine - 2006

(JPG)